Fitch Ratings est passé à l’action sur Petroleos Mexicanos (Pemex), en dégradant les notations du groupe pétrolier et de sa dette d’un cran. Celles-ci sont affublées d’une perspective négative. La réaction des créanciers obligataires est jusqu’ici limitée.
Par exemple, les prix de l’obligation Pemex d’une échéance fixée au 21 avril 2027 et d’un coupon de 2,75% ont légèrement corrigé depuis le 14 juillet (cfr graphique), date de la publication du communiqué de Fitch Ratings (Fitch). L’obligation offre ainsi un rendement de 9,50%.
Mais si le recul des prix est encore limité, force est de constater que ceux-ci évoluent bien en deçà du pair. En corollaire, les rendements intègrent donc une prime de risque importante.
Perspective négative
Par ailleurs, les nouveaux ratings sont assortis d’une perspective négative, ce qui n’est pas une bonne nouvelle. L’agence avertit en effet par ce biais qu’une dégradation supplémentaire n’est pas à exclure.
En attentant, le rating de Pemex est désormais de "B+" contre "BB- " avant, dans la catégorie "High yield" (spéculative). C’est le cas aussi de la dette libellée en devises étrangères.
Les créanciers amenés à "faire des concessions" ?
La dégradation reflète "la faible performance opérationnelle continue de Pemex", explique Fitch, ce qui a amené l’agence à réviser à la baisse les scores ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) de l’entreprise pétrolière, "limitant davantage ses sources de financement". En d’autres termes, la baisse des scores ESG est la conséquence des multiples accidents et incendies survenus dans les installations d’exploitation de Pemex depuis février 2023, lesquels ont fait des victimes et endommagés des actifs "critiques".
Les analystes de Fitch Ratings s’interrogent aussi sur la capacité et la volonté des autorités mexicaines à améliorer sensiblement les liquidités et la structure du capital de l’entreprise au cours des deux prochaines années, "sans concessions de la part des créanciers".
Pemex versus Petrobras (BVMF:PETR4) et Ecopetrol
Notez que Fitch cote le profil autonome de Pemex (sans le support du gouvernement mexicain donc) "CCC-" (dans le bas de la catégorie spéculative). C’est 10 crans en dessous des compagnies comparables comme Petrobras ou Ecopetrol, souligne l’agence. Cette différence est avant tout due à la faiblesse du bilan de Pemex, à sa dette croissante et à la trajectoire de son endettement. Si Ecopetrol et Petrobras ont renforcé leur bilan et leur capacité opérationnelle ces dernières années, Pemex a de son côté vu ses finances affaiblies par les transferts financiers aux autorités mexicaines. Des flux qui devraient s’inverser... En effet, l’agence estime que le gouvernement mexicain va devoir dépenser 20 milliards de dollars de plus que ce qu’il ne reçoit de Pemex en 2026 et 2027, pour simplement maintenir le groupe de pétrolier à flots…