Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
La compagnie Ryanair (LON:RYA) entre en zone de turbulences… En effet, la direction du groupe a tout récemment déclaré que, pour améliorer sa fiabilité opérationnelle, elle allait annuler 2% de ses vols – soit entre 40 et 50 vols par jour. Et ce, d’ici à fin octobre. A priori c’est une simple question d’organisation. En effet, selon le groupe lui-même, bon nombre de ses salariés – ses pilotes en tête – auraient un trop plein de vacances à écouler. Et Kenny Jabobs, directeur marketing de Ryanair, de le reconnaître : « Nous avons fait n’importe quoi sur le planning des vacances de nos pilotes et nous travaillons dur pour régler le problème. »
Mais, même si l’adage dit « faute avouée à moitié pardonnée », ni la Bourse ni les voyageurs lésés l’entendent de cette oreille… De fait, le titre est actuellement quelque peu chahuté. Pour autant la direction est loin de s’en émouvoir car, malgré une réputation des plus sulfureuses, cet enfant terrible de l’espace aérien européen a, lui, toujours le vent dans le dos. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
▶ Ryanair : le client est tout sauf le roi
Vous le savez, cette compagnie irlandaise n’a qu’un seul et unique intérêt : ses tarifs extrêmement attractifs. Car, le reste (confort, service, facilités, conditions de travail pour les PNC et même pour les pilotes) laisse à désirer… Les passagers peuvent clairement s’asseoir sur leur confort, et les avions ont une rotation extrêmement rapide (rester sur le tarmac coute cher, donc il faut que l’avion redécolle le plus vite possible). Mais, effectivement, les prix pratiqués sont imbattables. Ça, personne ne peut le nier.
Tenez, par exemple, si vous envisagez de partir pour Lisbonne dimanche prochain, cela vous coûtera à peine 43,85€. Mais pour obtenir des tarifs aussi compétitifs, les concessions – pour le voyageur – sont légions : départ de Beauvais, parfois à des heures improbables. Et, bien entendu, toutes les prestations qui pourraient améliorer le confort sont payantes (repas, boissons, bagages en soute, etc.). Ceci dit, pour les voyages courts, pour certains besoins, certains publics, Ryanair est une vraie aubaine. Ceci dit, le portrait de la compagnie n’est pas bien reluisant et cette dernière annonce ne va pas la redorer. Mais, on le sait, le groupe n’a que faire de son image… Ryanair continue d’afficher une santé insolente.
▶ Ryanair : l’enfant terrible qui fait recette
Sur le premier trimestre de son exercice 2016-2017, la compagnie low-cost a enregistré un bénéfice net en hausse de 55%, à 397 M€, pour un chiffre d’affaires de 1,9 Md€ (+11%). Et sa marge nette se paye même le luxe de passer de 15% à 21% ! D’ailleurs, le deuxième trimestre, qui a commencé en juillet dernier, s’inscrit dans la même veine : la compagnie a d’ores et déjà transporté 12,7 millions de passagers en août dernier, avec un coefficient de remplissage de 97%.
A titre de comparaison, Air France (PA:AIRF) n’a transporté que 9,7 millions de passagers sur cette période, avec un taux de remplissage de 90,1%… Vous comprendrez ainsi aisément pourquoi la compagnie irlandaise pèse quasiment 20 Mds€ en Bourse contre seulement 4 Mds€ pour notre fleuron national.
Le groupe n’a donc que faire de redorer son blason – ça lui coûterait bien trop cher en marketing et communication. Sa stratégie principale ? Etendre toujours plus sa couverture en Europe. Et, pour ce faire, quelques acquisitions sont dans les tablettes. Après l’échec d’Air Berlin, le groupe parviendra-t-il à racheter une partie de la flotte d’Alitalia ? Gageons que Michael O’Leary, le très controversé directeur général de Ryanair fera encore bientôt parler de lui… quitte à bousculer un peu plus le Landerneau européen.