L'émission d'obligations chinoises libellées en euros mercredi dernier a rencontré une forte demande, obtenant 18 milliards d'euros d'ordres pour la vente d'obligations de 4 milliards d'euros. Pourtant, pour la première fois en Chine, cette émission à 5 ans affichait un rendement négatif.
Seule grande économie qui prévoit de la croissance cette année dans le contexte de la pandémie de COVID-19, la Chine a fait appel plus souvent aux marchés internationaux, répondant ainsi à la demande des investisseurs qui souhaitent s'exposer à son économie. Selon les prévisions, la croissance du PIB chinois devrait se situer entre 1,9 et 2 % cette année.
Diversification loin du dollar
L'année dernière, Pékin a émis sa première obligation libellée en euros, qui a permis de lever 4 milliards d'euros. Le mois dernier, elle a vendu pour 6 milliards de dollars d'obligations, ce qui porte à 27 milliards de dollars le total de ses emprunts en dollars au cours des quatre dernières années. Mais les émissions en euros jouent un rôle crucial, car la Chine cherche à diversifier ses emprunts en s'éloignant du dollar américain.
Lors de la vente de la semaine dernière, le prix des 750 millions d'euros en billets de cinq ans a été fixé de manière à obtenir un rendement de moins 0,15 %, ce qui peut sembler faible, mais c'est un meilleur rendement que le moins 0,75 % des obligations allemandes de cinq ans.
La Chine s'était montrée réticente à l'égard des rendements négatifs, mais les banquiers disent avoir travaillé dur pour éduquer les fonctionnaires. Les investisseurs européens, pour leur part, ne connaissent que trop bien le phénomène.
L'obligation de 2 milliards d'euros à 10 ans la semaine dernière ainsi que la tranche de 1,25 milliard d'euros à 15 ans ont eu des rendements positifs, les portant respectivement à 0,318 % et 0,664 %.
Les tranches à 5 et 10 ans sont allées principalement aux banques centrales et aux fonds souverains, selon les rapports. Les obligations à 15 ans ont été achetées en grande partie par des gestionnaires d'actifs, des fonds de pension et des assureurs.
Les étrangers se sont également emparés de la dette chinoise libellée en yuan, d'autant plus que les principaux indices ont commencé à inclure les obligations. Les avoirs étrangers en obligations chinoises s'élèvent à environ 3 000 milliards de yuans, soit l'équivalent de près de 460 milliards de dollars.
Le ministère des finances chinois n'a certainement pas hésité à profiter de la faiblesse des taux d'intérêt en euros.
Le rendement actuel des obligations en yuan à 10 ans est d'environ 3,3 %, contre 0,318 % sur la tranche à 10 ans de l'obligation libellée en euros de la semaine dernière.
L'offre chinoise s'est déroulée dans un contexte de marchés obligataires nerveux. Les nouvelles positives concernant les vaccins COVID-19 ont compensé les nouvelles négatives concernant l'expiration des facilités de prêt de la Réserve fédérale aux États-Unis et les nouveaux retards dans le plan de relance de l'UE dus aux vetos de la Hongrie et de la Pologne.
Bien qu'ils soient plus élevés qu’après la forte baisse enregistrée après les élections du 3 novembre, les taux d'intérêt du Trésor américain ne sont guère stratosphériques. L'échec des républicains et des démocrates au Congrès à trouver un compromis sur les mesures de relance budgétaire met la Fed sous une pression accrue pour qu'elle augmente ses propres achats d'obligations. La perspective d'une augmentation des achats d'actifs auprès de la Banque Centrale Européenne, dont l'approbation est désormais pratiquement certaine en décembre, maintient la pression sur les rendements des obligations d'État de la zone euro.
L'obligation allemande de référence à 10 ans flirte à nouveau avec des rendements approchant les moins 0,60 %.
Alors que les essais réussis de vaccins montrent une lumière au bout du tunnel, les décideurs politiques de la Fed voient des perspectives incertaines pour les mois à venir. Les fractures actuelles concernant les résultats des élections américaines, et en particulier les deux seconds tours du Sénat en Géorgie qui détermineront le contrôle de la chambre haute et la capacité des républicains à freiner les initiatives des démocrates, rendent un plan de relance du Congrès encore moins probable.
L'annonce d'un troisième essai de vaccin réussi par AstraZeneca PLC (LON:AZN) a fait augmenter les rendements du Trésor lundi, le taux à 10 ans ayant légèrement augmenté à environ 0,85 % en raison de l'optimisme sur le fait que les vaccins pourraient être disponibles dès décembre.
L'annonce faite hier par le président élu Joseph Biden de la nomination de l'ancienne présidente de la Fed, Janet Yellen, au poste de secrétaire au Trésor, a encore renforcé l'appétit du marché pour le risque.
La publication en fin de semaine du compte-rendu de la réunion du FOMC de début novembre pourrait fournir des indices sur les intentions de la Fed concernant les achats d'actifs.