Plus la phase actuelle de l’expansion économique US bat des records de durée, plus on est tenté de se demander combien de temps cela va durer, et à quel moment cette expansion prendra fin.
Les craintes de récession se sont certes atténuées vendredi, face à de solides ventes au détail qui laissent penser que les dépenses de consommation demeurent saines, mais cela n’a pas été suffisant pour rassurer le marché au point de faire reculer les anticipations de baisse de taux de la Fed.
D’autres chiffres récents sont en effet beaucoup moins encourageants et ont montré un ralentissement de la croissance de l'emploi et une faible inflation, dans un contexte où les menaces tarifaires du président Donald Trump pourraient prochainement aggraver encore davantage la situation.
Signe de l’inquiétude du marché, la probabilité d'une récession au cours des 12 prochains mois est d’ailleurs passée de 25 % à 30 %, selon un sondage mené du 7 au 12 juin auprès des économistes par l’agence Bloomberg.
Mais comment les économistes évaluent les risques de récession ? Quels facteurs faut-il surveiller pour tenter de repérer une récession imminente, avant que cela devienne évident pour tout le monde ?
C’est ce que nous allons étudier dans cet article.
La courbe des taux
Ce que l’on appelle courbe des taux US est la différence le taux des bons du Trésor à court et à long terme. La plupart du temps, les rendements à long terme sont plus élevés parce que les investisseurs exigent généralement des rendements plus élevés pour bloquer leur argent pendant une plus longue période.
Mais lorsque les taux à court terme montent au-dessus des taux à long terme, la courbe des taux « s’inverse ».
Plus précisément, les économistes surveillent l'écart entre les titres à trois mois et à dix ans. Cet écart s'est en effet inversé avant chacune des sept dernières récessions, ce qui fait de cet événement un signal clé d'un ralentissement économique imminent.
Les conditions de crédit
Un autre indicateur surveillé par les économistes consiste à savoir si les conditions d'emprunt se durcissent, en particulier pour les petites et moyennes entreprises. Des enquêtes telles que le sondage de la Fed auprès des responsables des prêts et l'indicateur des conditions de crédit de la National Federation of Independent Business contiennent ce genre d'information.
Si les conditions d’emprunt se durcissent pour les entreprises, il est plus difficile pour celles-ci d’investir et donc de se développer et générer de la croissance. Par ailleurs, la réticence des banques à emprunter est également un signe qu’elles anticipent elles-mêmes des temps durs à venir.
Le sentiment des affaires
De même, le moral des entreprises est un élément clé. Des entreprises qui anticipent un ralentissement économique induisent des investissements moins importants, avec à la clé un phénomène auto-réalisateur des anticipations de dégradation de l’économie.
Des statistiques comme les indices ISM permettent d’en avoir une idée via l'activité économique des producteurs. En mai, l'indice manufacturier de l'ISM est tombé à son plus bas niveau depuis 2016, mais il s'est maintenu au-dessus de la barre des 50 et indique donc toujours une expansion pour l’instant.
Le marché du travail
Les données mensuelles du rapport NFP peuvent aider à prévoir une récession, en montrant la santé du marché du travail au cours d'un mois donné. Mais au moment où les entreprises cessent de créer des emplois, la faiblesse économique s'est déjà installée, et il faut donc également s’intéresser à d’autres indicateurs.
Les inscriptions hebdomadaires au chômage montrent combien d'Américains demandent des prestations de chômage et peuvent donner une idée de la direction que prend l'économie. Une reprise importante et soutenue du nombre de demandes de prestations d'assurance-chômage signifie que les entreprises licencient et qu'une récession pourrait se matérialiser rapidement.
La divergence Or-Pétrole
La combinaison de la hausse des prix de l'or et de la baisse des prix du pétrole est considérée par les experts comme un mauvais présage pour l’économie mondiale.
L'importance de cet indicateur s'explique très simplement : en période de boom économique, la demande de pétrole augmente régulièrement. Cela fait grimper le prix du pétrole. Si un ralentissement économique menace, la demande de pétrole brut diminuera également. Cela fait baisser le prix de l'or noir.
La situation est différente avec l'or. Le métal précieux est considéré comme une valeur refuge recherchée en période d'incertitude. Les investisseurs transforment leurs investissements en or si des turbulences menacent les marchés boursiers mondiaux. Cela fait monter en flèche le prix du métal jaune.
Et bien que la relation entre le prix de l'or et le prix du pétrole ne soit pas infaillible, il s’agit statistiquement d’un facteur de plus qui tend à indiquer une forte probabilité de récession mondiale.