Incapable d’honorer une échéance de remboursement liée au leasing de ses voitures de location en début de semaine, Hertz a obtenu un sursis de la part de ses créanciers, de quoi permettre à l’icône américaine de la location de voiture d’élaborer un plan de sauvetage.
En obtenant la bienveillance de certains de ses créanciers, la firme (10.200 enseignes corporatives et franchisées dans 145 pays) vient donc d’échapper à un potentiel dépôt de bilan.
En toile de fonds, la pandémie de Covid-19 et une chute de 80% de ses revenus, qui sont venus porter un coup fatal à ses finances.
Actif sous la marque éponyme, mais aussi « Dollar » et « Thrifty », Hertz était fragilisé depuis plusieurs années par la montée en puissance de nouveaux acteurs comme Uber (NYSE:UBER) et Lyft (NASDAQ:LYFT), qui exercent une pression sur les prix.
La société basée à Estero en Floride, dont le principal actionnaire est le milliardaire Carl Icahn, souffre également de réductions de valeur comptabilisées sur sa flotte de véhicules, reflet d’un marché de l’occasion déprimé.
Pour préserver ses liquidités, Hertz avait bien annoncé le mois dernier la suppression de 10.000 emplois en Amérique du Nord et au Mexique, soit un peu plus d'un quart de ses effectifs globaux.
Vers une restructuration ?
Découlant pour bonne part du financement de sa flotte de véhicules (567.600 unités fin 2019), la dette de Hertz avoisine les 17 milliards de dollars. Et au vu de la situation actuelle, la société ne pourra vraisemblablement pas faire sans la restructurer.
Comme évoqué en introduction, le management a obtenu une période de grâce pour une échéance de remboursement initialement fixée au 4 mai et qui a été repoussée, selon les possibilités légales, au 22 mai, en vue de pouvoir discuter sereinement avec ses créanciers.
Pour mémoire, lorsqu’une entreprise est incapable de régler ses échéances de dettes (paiement des coupons par exemple ou le remboursement d’un emprunt arrivant à maturité), la société concernée sollicite la bienveillance de ses créanciers, via une restructuration en demandant de reporter à plus tard le remboursement de ses emprunts obligataires tout en diminuant drastiquement les coupons. Cela peut également se faire via une prise de participation dans la société, sous forme d’actions.
Un accord sur un allégement de la dette permet de la sorte à l’entreprise d’éviter une faillite pure et simple. Précisons également qu’en cas de faillite, tout n’est pas perdu pour les obligataires, qui peuvent toujours espérer récupérer un petit quelque chose, une fois la liquidation de l’entreprise entérinée.
Signe de l'impasse dans laquelle se trouve la société, les rendements obligataires sont astronomiques.
A titre d’exemple, l’obligation Hertz Global Holding d’une échéance égale au 30 mars 2023 au coupon de 5,50% se traite aux alentours des 67% du nominal, avec un rendement qui pointe à 22% (coupures de 100.000 euros / rating CCC-).
En dollar, l’obligation Hertz Corporation d’une échéance égale au 1er août 2026 au coupon de 7,125% se traite aux alentours des 14% du nominal, avec un rendement qui pointe à 65% (coupures de 2.000 dollars / rating CCC-).
En d’autres termes et compte tenu de la différence de rendement, les détenteurs d’obligations Hertz Global Holdings peuvent nourrir davantage d’espoirs quant au montant qui leur sera retourné dans l’optique d’une restructuration qui aboutirait.
Pour comprendre les différences de traitement entre ces deux obligations, une lecture attentive des prospectus d'émission est requise. A titre d’informations, Hertz Corporation, sa principale société d'exploitation, est une filiale à 100% d’Hertz Global Holdings.