Les Suisses s'apprêtent à dessiner leur avenir économique (par Arnaud Masset)
Les Suisses voteront dimanche sur un sujet clé susceptible de redessiner le paysage économique du pays. En septembre 2016, le parti socialiste, la Fédération des syndicats suisses et les Verts ont recueilli les 50 000 signatures requises pour soumettre une réforme radicale de l'imposition des sociétés à un scrutin national, dont les résultats seront publiés dans l'après-midi du dimanche 12 février.
En bref, la troisième réforme de l'imposition des sociétés (RIE III) vise à normaliser le système actuel qui accorde d'importants avantages aux entreprises étrangères. Il permet notamment aux holdings et aux sociétés réalisant la plus grande partie de leurs bénéfices à l'étranger de payer peu ou pas d'impôt sur le bénéfice au niveau cantonal et municipal. S'il crée des conditions favorables au transfert du siège d'une entreprise en Suisse, il suscite le mécontentement d'un nombre croissant de pays, principalement de l'Union européenne, qui ont accusé la Suisse de les priver de recettes fiscales de 36.5 milliards CHF par an. Ces dernières années, Bruxelles a exercé des pressions grandissantes sur le gouvernement helvétique pour qu'il supprime ces régimes fiscaux spéciaux, menaçant de remettre en place des barrières tarifaires et de placer le pays sur la liste noire des paradis fiscaux.
Le vote de dimanche est extrêmement polarisé, le comité du référendum, principalement composé de partis de gauche, arguant que l'adoption du nouveau système entraînerait une baisse des recettes fiscales de 2.7 milliards par an, ce qui transmettrait le fardeau fiscal aux citoyens. D'un autre côté, les partis du centre et de droite estiment que c'est la seule solution permettant de sauver les 150 000 emplois directement liés aux sociétés qui bénéficient de ces taux préférentiels. Les deux camps se sont affrontés âprement et le vote se jouera dans un mouchoir de poche. Les enjeux sont élevés pour le pays de 8.5 millions d'habitants, une partie notable du succès de la Suisse étant due aux régimes fiscaux spéciaux.
Au vu de la vigueur persistante du franc ces dernières semaines, il semble que le marché sous-estime largement les effets négatifs d'un "non" à la réforme de l'imposition des sociétés. L'EUR/CHF teste de nouveau la zone de support des 1.06 ce matin, gardant la BNS sur le qui-vive.
Le Japon affiche son meilleur excédent courant en neuf ans (par Yann Quelenn)
L'excédent courant japonais de décembre publié ce matin est le plus important enregistré depuis 2007 et le 30ème positif d'affilée. Les chiffres témoignent d'une augmentation de 20.650 milliards de yens (environ 183 milliards de dollars). L'an dernier, le recul des prix de l'énergie conjuguée au renchérissement du yen, ont tiré les prix à l'importation à la baisse. A regarder le surplus 2016 de plus près, il semble que la part du lion provienne directement du compte de l'investissement direct.
Sur le front politique, Donald Trump n'a pas caché sa position sur les excédents massifs du Japon et de la Chine. Les taux de change seront un thème clé de la rencontre prévue dans quelques jours entre M. Trump et son homologue japonais Shinzo Abe. Selon nous, la décision du président américain d'affaiblir le billet vert était une manœuvre tactique destinée au Japon, qui ne cesse de lutter contre l'appréciation persistante de sa monnaie.
La guerre des devises n'en est qu'à ses prémices. La BoJ a décidé de défendre un taux zéro sur les JGB à 10 ans malgré le relèvement des taux américains. Nous confirmons notre position baissière sur l'USD/JPY.
EURUSD
Les pressions vendeuses subies par la paire EUR/USD se sont renforcées. Il semble qu'une forte zone de résistance horaire se trouve autour de 1,0800. La voie est largement libre vers le support horaire situé à 1,0581 (plus bas du 16/01/2016) et à 1,0454 (plus bas du 11/01/2017). La paire devrait poursuivre sa consolidation. À plus long terme, la croix de la mort observée en fin octobre indiquait un autre biais baissier. La paire a cassé le support clé situé à 1,0458 (plus bas du 16/03/2015). Une résistance clé demeure à 1,1714 (plus haut du 24/08/2015). Elle devrait évoluer vers la parité.
GBPUSD
La paire GBP/USD évolue toujours au-dessous de la résistance des 1,2771 (plus haut du 05/10/2016). La structure technique suggère que la paire devrait poursuivre son rebond à la baisse vers le support situé à 1,2254 (plus bas du 19/01/2016). La configuration technique à long terme est même plus négative, le vote sur le Brexit ayant ouvert la voie à une accentuation de la chute. Le support à long terme situé à 1,0520 (01/03/85) représente un objectif convenable. La résistance à long terme est située à 1,5018 (24/06/2015) et pourrait indiquer un retournement à long terme de la tendance négative. Cependant, un tel scénario est très peu probable pour l'instant.
USDJPY
La paire USD/JPY évolue lentement vers le support des 111,36 (plus bas du 28/11/2016). Une résistance horaire se situe à 115,62 (plus haut du 19/01/2016). La cassure du support horaire situé à 112,57 (plus bas du 17/01/2017) a confirmé l'existence de pressions baissières. Nous privilégions un biais baissier à long terme. Un support se situe actuellement à 96,57 (plus bas du 10/08/2013) . Une hausse progressive vers la résistance majeure des 135,15 (plus haut du 01/02/2002) semble absolument peu probable. La paire devrait poursuivre sa chute vers le support des 93,79 (plus bas du 13/06/2013).
USDCHF
L'élan affiché par la paire USD/CHF est toujours baissier, en dépit de la progression actuelle. Une résistance clé se situe une bonne distance à 1,0344 (plus haut du 15/12/2016). Nous estimons que la voie est clairement libre pour un autre mouvement baissier, si la paire ne réussit pas à franchir le seuil de la parité et à se maintenir au-dessus de ce niveau. À long terme, la paire évolue toujours au sein d'une fourchette depuis 2011, en dépit de quelques turbulences enregistrées lorsque la BNS avait mis fin au cours plafond du CHF. Un support clé peut se situer à 0,8986 (plus bas du 30/01/2015). La structure technique favorise toutefois un biais haussier à long terme depuis la suppression du taux plancher en janvier 2015.