Comme on le sait, la BNS intervient sur les marchés des changes pour protéger le CHF d'une "surévaluation" accrue. D'après les derniers chiffres, les réserves de devises ont grimpé de 3.8% à 668.2 milliards CHF (bilan total supérieur à 115% du PIB). Bien qu'en général, la BNS ne commente pas les interventions, la taille de l'expansion du bilan indique qu'elle s'est montrée très active sur les marchés des changes (pour protéger le plancher implicite des 1.06).
Reste que le rythme des achats n'est pas viable. Un recours illimité à la planche à billets pourrait conduire à une hyper-inflation et à une perte de crédibilité. Cependant, la demande de francs est appelée à augmenter en raison de la montée du risque politique en Europe, du spread de rendement EU-CH stable/tendu, et de l'amélioration des conditions économiques de la Suisse. Alors que le discours de la BNS sur la politique de change s'est adouci (du fait des perspectives d'inflation positives), alimentant les spéculations d'une plus grande flexibilité, la demande de francs a coupé l'herbe sous les pieds de la banque centrale.
L'EUR/CHF étant devenu le trade privilégié pour se protéger du risque politique européen, les pressions vendeuses s'intensifieront à l'approche des élections néerlandaises et françaises. A titre de rappel, les deux plus grands mouvements des changes de ces dernières années ont été créés par la BNS et sa proactivité face aux événements et à la situation en Europe.
Le problème est, qu'une fois de plus, la BNS est "piégée" par sa propre politique. Ma crainte est la politique de change plus "soft" de l'institution soit considérée comme immuable par les marchés. Lorsque la banque centrale sera contrainte de supprimer les interventions verbales et physiques, l'EUR/CHF devrait baisser brutalement. Plus la situation s'éternise, plus le risque d'un événement extrême s'accroît.