Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
La casquette « Dow 22 000 » est en vente chez CNBC – rendez-vous à 24 000 pour le bonnet de Noël.
Voici la version 2017 de la « nouvelle économie » : des méthodes de valorisation devenues obsolète (ben voyons !), des marchés qui progressent de +10% par trimestre (sans forcer, y’a que des acheteurs), des prises de risque (zéro risque, hein ?) à crédit (taux de couverture des portefeuilles tombé sous le plancher historique des 11 alors que la norme, c’est 20%). Tout ceci me donne à penser que nous ne sommes pas très loin de l’explosion… et que ça risque de ne pas attendre sagement octobre !
Toutes les stratégies de couverture me vont bien car si le Dollar Index casse les 92,5… ça va dévisser sec !
A quel niveau la parité EURUSD posera-t-elle problème ?
L’EURUSD est passé de 1,115 le 23 juin à 1,1900 six semaines plus tard. Cette baisse de -6,7% du billet vert en à peine 1 mois et demi est le mouvement le plus brutal enregistré face à l’Euro depuis sa création, et face à un panier de devises (Dollar Index) c’est le plus brutal depuis 40 ans !
Franchement, j’ai du mal à croire qu’une pause de 6 mois dans le cycle de remontée des taux puisse être la cause d’une telle débâcle. Réciproquement, il est difficile d’attribuer l’envolée de l’Euro à la seule vigueur de la croissance européenne (qui reste vulnérable, on le voit bien avec la dégradation que traduisent les derniers PMI publiés le 3 août), ou aux excédents commerciaux dont l’Allemagne a le quasi-monopole. Il se passe certainement « quelque chose » de plus profond. 15% de baisse du dollar depuis le 1er janvier, c’est considérable et cette débâcle prend beaucoup de monde à contrepied. Et c’est une débâcle à plusieurs centaines de milliards d’euros ou de dollars d’impact pour les économies développées. La plupart des pays européens et des entreprises multinationales avaient élaboré leur budget pour l’exercice 2017 sur l’hypothèse d’un Euro naviguant entre 1,08 et 1,13 par dollar. Nous en sommes désormais très loin et les effets se font déjà profondément ressentir.
Prenez le secteur aéronautique : Airbus (PA:AIR) et Boeing (NYSE:BA) couvrent généralement l’intégralité de leurs flux commerciaux en devises… mais il est difficile de gérer 15% d’écart en à peine 8 mois. Les écarts de performances boursières sont spectaculaires : Boeing affiche +54% en 2017 et +80% sur 12 mois, Airbus +13,5% et +40% (4 fois moins cette année et 2 fois moins depuis début août 2016). Il ne va plus falloir attendre très longtemps avant de voir les investisseurs, les gérants d’OPCVM succomber à la vague d’inquiétude qui s’empare depuis 1 mois des trésoriers français à l’égard de l’envolée l’Euro. Mais de cela, les médias ne parlent pas. Le seul sujet digne de figurer à la une de la presse financière, c’est la divine surprise des profits qui battent (comme toujours) e consensus. Si un sujet comme un mouvement majeur sur les changes et la paire Euro/Dollar n’est pas traité comme prioritaire, alors il n’existe pas.
Le dollar, baromètre de la crédibilité de Trump…
Et pendant ce temps-là, la Russie se dé-dollarise, continue d’accumuler de l’or, de développer le troc avec la Chine. La reconquête de la moitié de son territoire par Bachar El-Assad avec l’aide de l’armée russe en quelques mois a renforcé la crédibilité de Vladimir Poutine sur l’échiquier international tandis que l’affrontement entre Donald Trump et le Deep state américain, le Vaudeville qui se déroule à la Maison Blanche (déjà 11 collaborateurs du Président virés en 6 mois par ce dernier, un record depuis l’indépendance en 1776) sapent la crédibilité des États-Unis… et elle ne va pas être restaurée par les dernières sanctions votées à l’encontre de la Russie et du Venezuela. Encore moins par le soutien à la coalition Arabie-Émirats qui mène une guerre illégale (silence assourdissant de l’ONU !), sanglante, ruineuse et ingagnable au Yémen.
Ne tenons-nous pas là quelques justifications à la chute du Dollar, s’il servait effectivement de baromètre à la crédibilité de Donald Trump et à la confiance dans la capacité des États-Unis de se sortir du piège de son endettement abyssal, sur fond de réduction du bilan de la Fed ? Qui veut encore détenir de la dette US dans ces conditions ? C’est ce que nous analysons ce mois si dans le dernier numéro de Béchade Confidentiel, ma lettre d’investissement géostratégique. Pour recevoir ma stratégie c’est par ici (et je vous offre en plus mon livre, Fake News, en cadeau). Edmen BCO