Initialement prévue la semaine dernière, cette émission High Yield avait été reportée suite à un recours du principal parti d’opposition, qui estimait que le gouvernement par intérim n’avait pas l’autorité nécessaire pour réaliser la manœuvre.
L'Ex-République yougoslave de Macédoine, abrégé en ARYM, a finalement émis mardi son eurobond* de 450 millions d’euros, remboursable dans sept ans et rémunéré par un coupon de 5,625%.
Notée « BB- » par Standard & Poor's dans la catégorie « spéculative », l’obligation a été émise sous le pair à 98,59%. Elle est désormais évaluée à 99,40% dans les premiers échanges sur le secondaire.
On notera que l'émission s’est déroulée dans un climat plutôt calme sur le marché primaire, ce qui a permis au pays de rencontrer la demande espérée. Les investisseurs prêts à se positionner sur des actifs spéculatifs ont en effet témoigné d’un certain intérêt envers cette obligation, dont la coupure minimale est fixée à 100.000 euros.
En outre, l’aboutissement de cette émission démontre que, même en pleine crise politique, un pays peut vendre sa dette et trouver acquéreur.
Une période de tumulte politique
Le Premier ministre a déclaré que ces fonds étaient destinés à financer les budgets 2016 et 2017 du pays. Il a également précisé qu’une vérification en profondeur de la légalité d'un tel emprunt avait été effectuée suite aux remarques de l'opposition.
Le pays est actuellement dans l’attente de nouvelles élections. Elles devraient se tenir en novembre mais ont déjà été postposées à deux reprises cette année.
Ce scrutin anticipé est l’épine dorsale de l’accord, chapeauté par l’UE, qui est censé mettre fin à la crise politique du pays. Une crise qui avait débuté en mai 2015 après la découverte d’un scandale de mise sur écoute de plus de 20.000 acteurs importants de la société macédonienne. De nombreuses révélations, démissions et manifestations plus tard, un gouvernement par intérim a été mis en place en janvier.
Les protestations, qui perdurent encore aujourd’hui sous le sobriquet de « révolution de couleur », gardent selon les observateurs leur caractère pacifique et démocratique.