A en juger par l'évolution de la bourse de Paris vendredi, le marché reste toujours réceptif aux impulsions de politique monétaire, ne questionnant pas vraiment l'impact de ces mesures sur l'économie réelle. La mise en place de taux négatifs au Japon est une mesure de dernier ressort pour les banques centrales qui ne possèdent qu'une marge de manoeuvre restreinte pour influencer l'économie et remplir leur mandat. Il n'est pas improbable qu'en cas de dégradation de la croissance américaine, les Etats-Unis se tournent à leur tour vers les taux négatifs. Cette possibilité a été évoquée avec sérieux par Ben Bernanke au cours de l'automne dernier. L'environnement actuel reste clairement dégradé. La croissance américaine semble confirmer l'hypothèse de la fin d'un cycle économique et les marchés financiers continuent de connaître de fortes turbulences. Sur le mois de janvier, le marché boursier chinois a ainsi baissé de plus de 22%, soit soit pire performance mensuelle depuis le mois d'octobre 2008. A n'en pas douter, le yoyo boursier va se poursuivre. Par conséquent, la pression sur les banques centrales va s'accroître et en particulier sur la BCE. Malheureusement, tout le monde a conscience que cette fuite en avant ne peut pas éternellement durer.
Les derniers faits marquants :
C’est le chiffre du jour: 1,1%. La croissance française a atteint ce niveau en 2015 portée par la consommation des ménages, véritable soupape de sécurité de l’économie, et un redressement de l'investissement des entreprises qu’il faudra confirmer en 2016. Malgré le pétrole, l’euro et les taux bas, le niveau de croissance reste faible par rapport à l’ensemble de la zone euro (1,5%). Principale raison à cela : le manque de confiance en l’avenir des agents économiques et en particulier des chefs d’entreprise. Autre point noir qui pourrait peser sur la dynamique des prochains mois: la constitution d'importants stocks qu'il va falloir écouler pour que l'activité ne soit pas pénalisée.
Les taux d’intérêt négatifs font des émules. Le Japon vient d’introduire cette mesure dans un geste désespéré pour améliorer la situation économique. Cependant, à en juger par l’impact des taux négatifs en zone euro, on peut douter que cela suffise à étoffer l’inflation au Japon pour qu’elle se rapproche de sa cible de 2%. Prochaine étape : les Etats-Unis introduisent à leur tour cette mesure !
Publication en zone euro de l’inflation. Bonne nouvelle, l’IPC a augmenté de 0,4% sur un an en janvier selon les données d’Eurostat. Il s’agit d’une nette appréciation par rapport au mois de décembre (0,2%). Néanmoins, on voit mal comment Mario Draghi pourrait éviter d’annoncer de nouvelles mesures lors de la réunion de la BCE de mars prochain. Il en va de la crédibilité de la banque centrale à remplir son mandat.
À suivre aujourd’hui :
Début de semaine avec la publication de plusieurs indicateurs américains de premier plan : les dépenses des ménages et l’indice des prix à la consommation des ménages pour décembre et l’ISM manufacturier pour janvier. Côté européen, le marché se focalisera sur l’activité dans le secteur manufacturier en janvier. Dans la zone euro, le PMI manufacturier est attendu stable à 52,3. Un recul est en revanche prévu pour l’Italie avec un chiffre prévu à 55,0. Cela ne remet en aucune façon le redressement économique du pays sous l’égide de Matteo Renzi.
En attendant la réunion de mars de la BCE, le marché fera attention de près aux deux discours de Mario Draghi programmés aujourd'hui. Plusieurs autres membres de la banque centrale doivent aussi s'exprimer dans le courant de la semaine (Constancio, Nowotny, Knot, Mersch et Coeure). Ces discours devrait en permettre d'en savoir plus sur les discussions ayant lieu au sein du Conseil des gouverneurs à propos de la faible inflation dans la zone euro et des mécanismes de transmission du QE.