La Turquie conserve jusqu’à nouvel ordre son statut d’émetteur « bien noté » chez Moody’s
La Turquie conserve jusqu’à nouvel ordre son statut d’émetteur « investissement » chez Moody’s. L’agence de notation, qui avait placé le 18 juillet son rating sous surveillance, préfère attendre d’en savoir davantage sur les conséquences du coup d’Etat avorté.
Les observateurs du marché turc attendaient anxieusement, ce lundi, le communiqué de Moody’s qui avait annoncé un examen en profondeur de la situation quelques jours après le coup d’Etat avorté.
Pour le moment, l’agence se donne du temps et attend de se faire une idée de l’impact réel du putsch sur le climat des affaires, sur la politique qui sera menée par les autorités, sur la capacité de l’économie turque à absorber des chocs potentiels et finalement, sur les perspectives de croissance.
La Turquie garde donc son statut d’émetteur « investissement » et son rating « Baa3 ». Moody’s informe que ses analystes prendront une décision définitive d’ici au 16 octobre.
De son côté, Standard & Poor’s, qui considérait depuis plusieurs mois déjà la dette du pays comme spéculative, a décidé de revoir encore à la baisse son rating à « BB » dans la foulée du putsch raté. L’agence s’était d'ailleurs attiré les foudres d’Erdogan en personne à la suite de cette décision.
Fitch Ratings a quant à elle prévu une révision du statut du pays, jusqu’ici noté « BBB- », le 19 août prochain. L’agence juge que l'impact de la tentative de putsch sur la note du pays dépendra « de la réponse du gouvernement et de la manière dont elle pourrait aggraver les dissensions politiques et affaiblir l'indépendance des institutions ».
Les marchés pas encore tout à fait rassurés
Selon le Financial Times, les inquiétudes qui planaient sur le marché turc aux lendemains du coup se dissipent quelque peu, grâce entre autres à l'annonce de Moody's.
La livre turque est d'ailleurs en légère hausse depuis cette nouvelle, même si on notera qu’elle affiche un recul de 3% par rapport à son taux de change à la veille de la tentative de coup d'Etat.
Depuis l’annonce de Moody’s, la bourse d'Istanbul enregistre pour sa part une hausse de près de 4%, de quoi limiter son recul à 5% depuis le 15 juillet. Sur la même période, le fonds négocié en Bourse iShares MSCI Turkey ETF, qui reflète la performance du marché boursier turque, perd près de 6%.
Rendements obligataires en hausse
Ce climat de volatilité et d’instabilité a également impacté le marché obligataire, puisque le rendement de la majorité des emprunts libellés en livre turque a progressé dans la foulée des heurts.
A titre d’exemple, l’obligation émise par la Banque européenne d’investissement, remboursable en 2019 et assortie d’un coupon de 8,50%, affiche désormais un rendement annuel de 9,3%, contre un peu plus de 8% à la veille du 15 juillet. Son prix avoisine les 98% du nominal.
Notée « AAA », cette obligation a payé son coupon fin juillet et comporte donc très peu d’intérêts courus.