Fragilisé par une conjoncture morose sur ses principaux marchés, Aston Martin (LON:AML) a revu à la baisse ses ambitions annuelles. Pour le constructeur haut de gamme qui a retrouvé la place londonienne à l’automne dernier, la purge boursière continue.
Baisse des prévisions pour l’exercice en cours et prudence pour l’année qui vient, il y avait tout pour déplaire aux marchés dans le « trading update » communiqué mercredi matin par Aston Martin, l’écurie rendue célèbre par la franchise James Bond.
A la bourse de Londres, où elle a fait son retour en octobre dernier, la firme perdait non moins d'un quart de sa valeur à la clôture mercredi soir. Une séance douloureuse de plus pour la marque, dont la capitalisation a fondu de …70% en l’espace de huit mois.
Comme l'avait prévenu le management en mai, le constructeur continue de pâtir des incertitudes macroéconomiques, Brexit oblige, et de la faiblesse persistante sur les marchés britannique et européen.
Aston Martin a tout de même été en mesure de signer une hausse de ses ventes qui atteint 7% en glissement annuel, du fait principalement de la bonne tenue de ses activités sur le continent nord-américain (+22%).
Mais pour le constructeur de la DB11, berline emblématique de la marque, le climat reste moribond sur ses marchés de référence, avec des ventes qui chutent de 22% sur son territoire domestique et de 28% sur la zone Europe-Afrique-Moyen Orient.
Impact sur les marges bénéficiaires
La direction n’espère dès lors plus écouler les 7.100 à 7.300 unités comme précédemment annoncé, visant désormais une fourchette comprise entre 6.300 et 6.500 véhicules.
Rappelons que pour Aston Martin, qui se positionne sur le segment du haut de gamme, avec un prix moyen de ses voitures en catalogue dépassant les 200.000 euros, les volumes de vente sont peu élevés en regard des constructeurs de masse.
Par conséquent, toute baisse ne fut-ce que légère de ses prévisions de vente peut avoir un impact significatif sur ses résultats financiers.
En témoigne la marge opérationnelle du groupe qui est désormais attendue à 8% cette année contre 13% espérés jusqu'alors.
'L'environnement externe difficile mis en évidence en mai s'est aggravé, de même que les incertitudes macroéconomiques. Nous prévoyons que cette situation se poursuivra pour le reste de l'année et nous restons prudents pour 2020', peut-on lire dans le communiqué.
Brexit : provisions de 30 millions de livres
L’année passée, le constructeur basé à Gaydon, dans les Midlands, avait écoulé précisément 6.441 véhicules, signant au passage une année record avec un chiffre d’affaires en hausse près de 26% à 876 millions de livres.
Ces ventes au beau fixe n’avaient toutefois pas empêché la firme de boucler l’année dans le rouge sur une perte nette de 57 millions de livres, un an après avoir renoué avec les bénéfices (76 millions).
En cause, les craintes d’un Brexit sans accord, potentiellement néfaste aux projets industriels et qui ont poussé le management à provisionner 30 millions de livres.
But de cette provision, faire face à une éventuelle augmentation des coûts, et notamment un approvisionnement par voie aérienne plutôt que par camion.
7% de rendement en dollar
Sur le secondaire, la tendance était également au rouge mais de manière plus mesurée. Les investisseurs revoyaient tout de même quelque peu à la hausse leur prétention de rendement pour se positionner sur l'emprunt qu’Aston Martin doit rembourser en 2022.
Son rendement dépasse désormais les 7% sur base d’un cours indicatif de 97,70% du nominal (coupure de 200.000 dollars / rating « B- » chez Standard & Poor’s).
Avant l’annonce de ce profit warning, on notera que les investisseurs étaient repassés à l’achat sur l'émission en cours de mois. Ils réagissaient alors positivement à l’annonce des intentions d’Investindustrial d'acquérir 3% de plus du capital du constructeur.
La firme italienne, qui détient déjà 31% du capital d'Aston Martin, proposerait d’acheter jusqu’à sept millions d’actions à un cours de 10 livres sterling, contre un cours de 19 livres lors de l’introduction en bourse.
De quoi permettre à Investindustrial, qui aurait obtenu des accords d'actionnaires existants tels qu'un groupe d'investisseurs basés au Koweït, de se renforcer à bon compte dans le capital d'Aston Martin.
Un signe qui témoignerait, selon l’agence Bloomberg, de la confiance de la firme italienne dans le futur du constructeur de la DB11, berline emblématique de la marque.