Le dollar américain pondéré en fonction des échanges a bondi de plus de 14% depuis juin, ce qui constitue son appréciation la plus rapide depuis la crise financière mondiale de 2008-2009. Et avec la divergence des politiques monétaires des États-Unis et du reste du monde, le billet vert peut encore monter. Mais comme nous l'avons vu en mars, des accès de volatilité sont possibles à court terme au moindre indice d'un report des hausses de taux par la Fed (par exemple si la faible création d'emploi en mars est répétée dans les mois à venir) ou si l'amélioration des statistiques de la zone euro incite les marchés à s'interroger sur la nécessité du programme d'assouplissement quantitatif de la BCE.
Les politiques de dévaluation de la monnaie comme l'assouplissement quantitatif ne sont pas bonnes pour l'euro, et nous continuons donc de nous attendre à ce que la monnaie commune reste sous pression - elle devrait revenir à 1.05 cette année et s'engager sur la voie de la parité d'ici la fin de 2016. Mais de meilleures données économiques pourraient aussi lui permettre de monter temporairement à 1.15, et tout regain serait amplifié par le dénouement des positions spéculatives à découvert nettes massives.
Le dollar canadien vient de traverser son pire trimestre depuis la dernière récession. Mais il devrait être en mesure d'offrir une meilleure résistance au cours du reste de l'année. Les termes de l'échange se sont maintenant stabilisés et c'est de bon augure pour les rentrées nettes liées au commerce international. De plus, les marchés continuent de parier plus sur une nouvelle réduction des taux par la Banque du Canada que le justifient les communications récentes de la banque centrale. Donc, à moins que les prix du pétrole ne plongent une nouvelle fois, le huard pourrait faire preuve de plus de résilience que beaucoup d'autres grandes monnaies face aux vents contraires soulevés par un renforcement de l'USD.
Stéfane Marion/Krishen Rangasamy