La Banque du Canada est une des rares grandes banques centrales restées relativement passives à l’égard de leur monnaie. Cette attitude a peut-être exagéré la surévaluation du huard et nui à nos exportateurs, particulièrement aux fabricants, qui ont vu leurs parts de marché rétrécir considérablement aux États-Unis. Alors que la demande intérieure a comblé le déficit ces dernières années, il serait illusoire de s’attendre à ce qu’elle continue de combler le vide laissé par les exportations. Le Canada aura besoin des exportations pour soutenir sa croissance au cours des prochaines années et, pour cela, les exportateurs pourraient avoir besoin d’aide pour assurer leur transition et accroître la productivité, c.-à-d. de nouveaux débouchés pour se diversifier en s’affranchissant des États-Unis, mais aussi une monnaie plus concurrentielle.
Nous ne nous attendons pas à ce que la BdC commence à intervenir directement sur les marchés des changes, ce qu’elle n’a pas fait depuis 1998, ni même à ce qu’elle réduise les taux d’intérêt (vu ses préoccupations au sujet de l’accumulation de dettes), mais une action indirecte, furtive, par un discours conciliant pourrait faire perdre un peu d’altitude au huard. Si nous avons réduit notre cible USDCAD de milieu d’année à 1.02 devant la vigueur récente du CAD, nous avons maintenu la cible de 1.05 pour la fin du T3, en escomptant un geste discret avec la prise de fonctions du gouverneur Poloz.
La récession de la zone euro pourrait encore durer un temps. La résurgence de problèmes souverains pourrait compliquer la donne, la Slovénie devenant un des prochains points chauds. Si nous avons rehaussé notre cible pour l’euro afin de tenir compte de sa vigueur récente, nous ne nous attendons pas à ce que la monnaie commune monte bien plus haut que les niveaux actuels avant la fin de l’année prochaine. Devant le ton devenu conciliant de la Banque de réserve d’Australie, nous avons aussi réduit nos cibles pour l’AUD.
Stéfane Marion/Krishen Rangasamy