L’ensemble des pays de la zone euro, Allemagne y compris et France en tête, ont vu leurs taux d’emprunts augmenter de façon plutôt spectaculaire ces dernières semaines.
Cette hausse du coût de l’argent pour les Etats du vieux-continent a débuté peu de temps après l’élection de Donald Trump le 8 novembre, avant de trouver un second souffle jeudi passé, lorsque la Banque centrale européenne a annoncé qu’elle allait diminuer ses rachats mensuels d’obligations de 80 à 60 milliards d'euros.
Pour se faire une petite idée de l'ampleur de cette remontée des taux, on observe sur le marché secondaire, c’est-à-dire là où s’échange la dette déjà émise, que le rendement proposé par l’obligation linéaire belge à dix ans a presque doublé sur un mois de temps, dépassant en début de semaine, pour la première fois depuis janvier, 0,80%.
En d’autres termes, la Belgique doit désormais rémunérer nettement mieux les investisseurs en cas d'appel au marché. Pas de quoi s’affoler pour autant. Il y a trois ans, ce même taux s'élevait à 2,50%, après avoir culminé à plus de 5% en 2011, au plus fort de la crise de la dette européenne.
La France doit payer plus que la Belgique pour emprunter
On se consolera également un jetant un coup œil du côté des taux d’emprunts français qui ont augmenté dans des proportions nettement plus importantes. Alors que le taux offert par l’OAT française à dix ans était inférieur à 0,10% à la fin du mois d’octobre, il a été multiplié par huit entre-temps.
En raison visiblement des inquiétudes liées à la présidentielle de 2017, l'Hexagone est d’ailleurs le pays qui a vu ses taux le plus remonter ces dernières semaines. On notera à ce titre que la Finlande, la Slovaquie, les Pays-Bas, la Lettonie, le Luxembourg et l’Autriche bénéficient de meilleures conditions de financement.
Concernant les pays périphériques de la zone euro, on ne peut pas dire que le résultat du référendum en Italie, et la démission du Premier ministre qui s’ensuivit, aient suscité une vague d'inquiétude. Le taux italien à dix ans s’affiche actuellement à 1,86%, après avoir touché un plus haut annuel de 2,10% le 24 novembre et un plus bas d’un pourcent cet été.
L’Espagne et le Portugal, les deux autres principaux pays à être considérés comme « à risque » au sein de la zone économique et monétaire, devraient quant à eux rémunérer les investisseurs à hauteur de 1,49 et 3,80% en cas d’appel au marché aujourd’hui.
L'exception grecque
Assez paradoxalement, pendant que les autres pays de la zone euro connaissent sans exception une hausse de leur taux de financement, la Grèce a vu ses taux d’intérêt diminuer de façon surprenante, le taux à dix ans ayant été ramené à 6,70% hier matin, contre plus de 8,40% début novembre.
Pour rappel, l'évolution des taux d'intérêt d’un pays dépend de plusieurs éléments qui lui sont propres et qui influencent directement la prime de risque exigée par les investisseurs. Dans le cas de la Grèce, cette prime est abyssale et a pu être diminuée par un certain nombre de facteurs. Parmi ceux-ci, le pays a notamment enregistré au mois de novembre son plus fort taux de croissance depuis huit ans.