L'OPEP+ s'est réunie virtuellement lundi, lors d'une brève session au cours de laquelle ses membres ont décidé de ne pas modifier leurs plans de production pour le mois de novembre. Ceci malgré la flambée des prix du pétrole et du gaz qui secoue l'Europe et l'Asie.
Avant même la réunion de lundi, les prix du pétrole étaient en hausse depuis la mi-août pour les raisons évoquées dans les colonnes précédentes.
En outre, le marché a été influencé par de nouvelles craintes selon lesquelles une pénurie de gaz naturel en Europe et en Asie entraînera une hausse de la demande de pétrole cet hiver, car les générateurs d'électricité pourraient passer au fioul ou à d'autres liquides pétroliers.
Avant la session de l'OPEP+, Reuters a rapporté que le groupe pourrait envisager de doubler son augmentation de production prévue en novembre. Le plan de l'OPEP+ prévoit des augmentations de 400 000 bpj chaque mois, mais certains délégués de l'OPEP+ ont indiqué que le groupe pourrait envisager d'augmenter la production de pétrole de 800 000 bpj en novembre et de renoncer à une augmentation en décembre.
Toutefois, le groupe s'est contenté de réaffirmer ses plans initiaux d'augmentation de 400 000 bpj. Certains analystes ont été surpris par la décision de l'OPEP+ de ne pas augmenter la production, mais les délégués de l'OPEP+ ont exprimé leur inquiétude quant au fait que le marché ne sera pas aussi serré en hiver qu'il ne l'est actuellement.
Selon le comité conjoint de suivi ministériel de l'OPEP+ (JMMC), les stocks mondiaux de pétrole devraient commencer à augmenter au premier trimestre de 2022. Certains délégués ont fait part de leurs inquiétudes quant à une nouvelle vague d'épidémies de coronavirus qui pourrait menacer la demande de pétrole cet hiver. La prochaine réunion de l'OPEP+ est actuellement prévue pour le 4 novembre 2021.
3 implications de la décision de lundi
Premièrement, l'OPEP+ n'a pas pesé sur les prix en augmentant la production plus que ce qu'elle avait déjà prévu, de sorte que les prix pourront augmenter sans cet obstacle.
Deuxièmement, les membres de l'OPEP+ veulent profiter de la hausse des prix, mais ils craignent également d'inverser ces gains. L'Arabie saoudite et la Russie sont particulièrement préoccupées par la répétition de la situation du marché de 2018, lorsque le prix du Brent est passé de 85 dollars le baril en octobre à 50 dollars le baril en décembre après que l'OPEP+ a augmenté sa production à la demande de l'administration Trump.
Troisièmement, l'OPEP+ sait qu'elle peut réévaluer la situation dans un mois seulement, de sorte que la décision n'est que temporaire.
Ce qu'il faut attendre de la réunion du mois prochain
Beaucoup dépendra de ce qui se passera avec l'offre et la demande de pétrole d'ici là. Si la hausse des prix semble se stabiliser au cours du mois prochain, en particulier à des niveaux proches de la barre des 80 dollars le baril, nous pourrions assister à une volonté croissante des membres de l'OPEP+ de tirer parti de ces prix plus élevés et de vendre davantage de pétrole pour obtenir des revenus encore plus importants.
Si les indications se multiplient quant à l'augmentation de la production des producteurs hors OPEP+ (notamment aux États-Unis), l'OPEP+ pourrait également vouloir augmenter sa production afin de freiner les prix et d'étouffer la croissance de l'offre hors OPEP+. Pour suivre cette évolution et comprendre si la production américaine est prête à augmenter, les traders doivent être attentifs aux nouvelles concernant les investissements dans les opérations de schiste américain et garder un œil sur le nombre d'appareils de forage. Toutefois, on ne s'attend pas à ce que de nouveaux efforts importants soient déployés dans le secteur du schiste américain pour l'instant, pour diverses raisons examinées ici et ici.
Si les prix baissent au cours du mois prochain, attendez-vous à ce que l'OPEP+ poursuive ses augmentations de production prévues de 400 000 bpj par mois, ce qui semble être un bon point pour elle.