La justice sud-africaine a annoncé qu’elle allait juger l’actuel ministre sud-africain des Finances, Pravin Gordhan, pour fraude. L’annonce a fait l’effet d’une bombe sur le marché des changes, l’homme étant particulièrement respecté par les investisseurs.
Gordhan est soupçonné d’avoir mis en place, au sein du fisc sud-africain qu’il a dirigé pendant dix ans jusqu’en 2009, une cellule destinée à espionner les hommes politiques, dont l'actuel président Jacob Zuma. Il est par ailleurs accusé d’avoir accordé un traitement de faveur à un haut fonctionnaire, à l’occasion de son départ à la retraite.
L’inculpation du ministre n’est pas une réelle surprise cependant. En août dernier, Pravin Gordhan avait été convoqué par une unité d’élite de la police (les Hawks), laquelle enquêtait sur ses activités lorsqu’il était directeur de l’administration fiscale sud-africaine.
Pour les marchés, il s’agit d’une mauvaise nouvelle, notamment parce qu’elle traduit les tensions au sein du pouvoir en place. Certains observateurs estiment d'ailleurs que la procédure actuelle est une manœuvre pour évincer le ministre. Le grand argentier sud-africain s’est souvent opposé au président Zuma et ses fidèles au sujet de la gestion des entreprises publiques, régulièrement au coeur de scandales éclaboussant le pouvoir.
Le pays qui affiche actuellement une croissance économique faible et un taux de chômage élevé se passerait bien de ce scandale. « L’économie va inévitablement payer le prix de cette affaire », a déclaré un économiste sud-africain au site TV5monde.com. Elle pourrait avoir des conséquences pour la notation financière du pays, a-t-il ajouté.
Sur le marché des changes, l’annonce des poursuites engagées contre le ministre a provoqué un brusque décrochage du rand sud-africain face au dollar et à l’euro.
Investir en ZAR
Certains investisseurs pourraient considérer la situation actuelle comme un point d’entrée sur la devise.
Pour ne citer qu’un exemple parmi les pistes possibles sur le marché obligataire, il y a cet emprunt de la Banque européenne d’investissement, remboursable en septembre 2020 et au coupon de 7,5%. Cette obligation peut être achetée à 98,11% du nominal, correspondant à un rendement de 8,08%. Les intérêts courus sont limités à une trentaine de jours.
Cette tranche obligataire bénéficie de la meilleure note disponible auprès de Standard & Poor’s, avec un rating « AAA ». En corollaire, le risque est essentiellement porté sur la devise.
La coupure de négociation est de 5.000 rands (+/316 euros au cours actuel) pour une taille de 2 milliards (+/-127.000).