La sensibilité d'une obligation indique la variation potentielle de son cours en cas de modification de 1% des taux d’intérêt. Intéressant à connaître pour se prémunir contre une hausse de taux. Mais aussi pour mesurer le potentiel de hausse d'une obligation en cas de baisse de taux, qui est par ailleurs plutôt le contexte actuel.
Car en effet, on évoque souvent la sensibilité d'une obligation ou sa duration comme un risque de diminution de valeur du prix d'une obligation lorsque les taux montent. C'est effectivement le cas. Mais, lorsque les taux baissent, cet effet de duration s'applique également, avec cette fois une augmentation du prix de l'obligation.
Prenons pour exemple une obligation à échéance dans 10 ans, offrant un coupon de 4% et affichant une sensibilité de 6. En cas de baisse des taux d’intérêt de 1%, par rapport aux taux en vigueur lors de l’achat de l’obligation, l'obligation connaîtra une augmentation de sa valeur de 6%, soit sa sensibilité multipliée par la variation de taux dans ce cas de 1%.
Ce qui signifie que lorsque les taux baissent, les obligations à la plus haute sensibilité en profitent le plus. L'inverse est vrai si les taux augmentent : ce sont elles qui verront leur valeur diminuer le plus fortement.
Les éléments importants : la durée et le coupon
Dans le jargon financier, on parle de sensibilité ou de duration d'une obligation. Mais il ne faut pas confondre duration et durée. La durée de vie d'une obligation est une des composantes essentielles de sa sensibilité : plus longue sera l'obligation, plus elle sera effectivement sensible aux variations de taux.
Mais la durée n'est pas le seul facteur. Il faut aussi prendre en compte le niveau du coupon de l'obligation.
Plus le coupon est élevé, moins forte sera la sensibilité de l'obligation. Plus le coupon sera faible, plus forte sera la sensibilité de l'obligation. C'est assez facile à comprendre : l'investisseur qui perçoit des coupons peut les réinvestir à de meilleures conditions si les taux montent. En revanche, si les taux baissent, il réinvestira ses coupons de façon moins avantageuse.
Selon que l'on se trouve dans un contexte de hausse ou de baisse de taux, le choix se portera plutôt sur des obligations courtes ou sur des obligations plus longues, toutes autres choses étant égales.
Et à condition bien sûr d'envisager la possibilité de revendre l'obligation avant son échéance. Si ce n'est pas le cas et que l'on conserve l'obligation jusqu'à sa maturité, cette notion de sensibilité affectera le cours de l'obligation pendant sa durée de vie. Mais plus on se rapprochera de l'échéance et plus le cours de l'obligation tendra vers 100%, sa sensibilité aux taux diminuant également.
Le coupon interviendra quant à lui pour départager deux obligations de même maturité.
Le graphique ci-dessus illustre le comportement différencié de l'obligation AB INBEV à échéance 2022 et celui de l'obligation AB INBEV à échéance en 2042. On voit nettement sur ce graphique dont les cours ont été rebasés à 100 que les fluctuations de l'obligations à échéance 2042 ont une ampleur plus importante que celles de l'obligation à échéance 2022.