Malgré l’annonce mercredi dernier d’un exercice 2021 record et de perspectives supérieures aux attentes, Melexis n’a pas convaincu la bourse. Tous les courtiers sans exception visent pourtant plus haut pour l’action du fabricant de puces électroniques.
Pas même l’annonce d’un dividende de 2,60 euros, soit davantage que les 2,30 euros attendu par les analystes, n’a permis à l’action d’inverser la tendance et de porter son repli à 17% en ce début d’année. Seuls Cofinimmo et Aedifica font moins bien parmi les pensionnaires du Bel 20.
Melexis a pourtant annoncé un bilan record en 2021, matérialisé par un chiffre d'affaires de 643 millions d'euros, en hausse de 27%. Le bénéfice net a lui pratiquement doublé à 131 millions.
En toile de fond, une demande sans cesse grandissante de capteurs destinés à l'industrie automobile, lesquels représentent 89% de son chiffre d’affaires. Marc Biron, patron de l’entreprise, s’est ainsi plu à rappeler que chaque voiture produite dans le monde l’année passée embarquait en moyenne 18 puces signées Melexis.
Et tandis que la présence de ces composants ira croissant, les véhicules électriques et hybrides en comptant bien plus que leurs prédécesseurs, l’objectif est de porter ce ratio à 30 d’ici à 2028.
A ce titre, on retrouve déjà 60 puces de l'entreprise dans le Model Y de Tesla (NASDAQ:TSLA), tandis que le nouveau EQS de Mercedes en intègre 170.
"Les véhicules sont non seulement plus technologiques, mais l'électrification du parc renforce encore la demande en puces", explique M. Biron, qui vise une croissance pour l’année en cours comprise entre 12 et 17%, grâce notamment au lancement de nouveaux produits.
Décallage de 20% entre l'offre et la demande
La bonne nouvelle est donc que la société basée à Ypres évolue dans un secteur plus que porteur. La mauvaise, est qu’elle ne peut répondre à la demande, les soucis dans la chaîne d’approvisionnement causant une inadéquation avec l'offre qui ne sera pas encore résolue cette année, souligne Melexis.
Et c’est bien là l’un des problèmes de la firme belge, qui doit compter sur des fournisseurs externes pour assurer sa production de semi-conducteurs, là où d’autres producteurs de composants arrivent à se démarquer grâce à une production maison.
Pour répondre à la pénurie du secteur, on apprenait d’ailleurs vendredi que l’Union Européenne entend quadrupler sa production d'ici 2030 et libérer pour cela 42 milliards d’euros. Assurément une bonne nouvelle pour un groupe comme Melexis, même si les effets ne se feront pas ressentir demain.
L’action en repli de 22% depuis ses plus hauts
Comme évoqué en introduction, l’action Melexis affiche un repli à deux chiffres cette année, une baisse qui atteint même 22% en regard des sommets historiques de la valeur de novembre dernier, avec une valorisation boursière ramenée à 3,5 milliards d'euros.
Certes, on notera que la success-story de l’homme d’affaires Roland Duchâtelet, l'ancien homme fort du Standard de Liège, subit également un effet sectoriel défavorable aux valeurs technologiques, sur fond d’une volatilité exacerbée des marchés. En outre, la valeur a gagné 31% l’année passée, laissant place à des prises de bénéfices.
Du côté des prévisions des analystes, le consensus est plutôt mitigé avec deux recommandations « à l’achat » pour huit « à conserver » et une « à vendre ».
On notera toutefois que les 12 courtiers qui suivent le dossier ont tous un target price supérieur au dernier cours de clôture de 87,40 euros. On pense notamment à KBC Securities qui vise les 112 euros. Degroof Petercam, qui révise actuellement son objectif de cours, pourrait le relever légèrement.
Une fois le retour à la normale sur les chaînes d'approvisionnement, il ne fait aucun doute que le pensionnaire du Bel 20 devrait retrouver ses lettres de noblesse. De quoi envisager un achat à bon compte sur la valeur ? A chacun bien sûr de se faire son opinion sur le dossier...