Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
En début de mois, à l’approche de la réunion de la BCE, j’ai évoqué dans ces colonnes l’OAT et plus largement l’obligataire. Alors que Mario Draghi vient de faire savoir que la Banque centrale européenne n’exclurait pas de nouvelles réductions des taux directeurs si l’inflation reste étale, sa consœur américaine, la FED, va prendre le relai.
Alors que la Réserve fédérale entame une réunion très attendue ce mardi, son président Jerome Powell rendra son verdict demain soir. Suivra-t-il les « espoirs » des investisseurs en se prononçant en faveur d’une baisse des taux dès ce mois-ci ?
D’un côté, les derniers chiffres de l’emploi américain ont déçu avec seulement 75 000 créations de postes non-agricoles le mois dernier, bien loin des standards habituels et de la prévision moyenne des économistes, lesquels tablaient sur 185 000 nouveaux emplois. De l’autre, les ventes au détail au titre du mois écoulé ont révélé une certaine résilience de la consommation (et donc de l’économie) américaine. Pas facile dans ces conditions de faire un pronostic…
Reste que selon nos confrères du Wall Street Journal, près de 40% des économistes sondés tablent sur une baisse des taux directeurs le mois prochain. Auquel cas, Jerome Powell adopterait « seulement » demain soir une tonalité encore plus « dovish » (mais sans baisse de taux immédiate donc) pour ouvrir la voie à une baisse du loyer de l’argent en juillet.
Une baisse des taux dès cette semaine ?
D’après le CME (le marché à terme américain), la probabilité de voir la FED baisser ses taux à trois reprises cette année est d’environ 35% en cette mi-juin. Un pourcentage considérable et qui s’explique notamment par le renforcement des craintes autour d’un enlisement de la guerre commerciale sino-américaine (NDLR : à ce propos, le secrétaire d’Etat américain au Commerce Wilbur Ross a rappelé hier que « le G20 n’est pas l’endroit où négocier un accord de 2 500 pages », ce qui sème le doute quant à l’éventualité d’un accord lors de la rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping).
Même si Jerome Powell a laissé entendre en début de mois que la FED se tenait prête à agir si nécessaire, on pourrait donc s’acheminer vers un « statu quo dovish » demain soir.
Graphiquement, après avoir acheté ces dernières semaines la perspective d’une détente monétaire, les cours des obligations américaines pourraient en conséquence reculer depuis les niveaux actuels. Ce qui, par effet inverse, ferait légèrement remonter les rendements, d’autant que les cours viennent tout juste de rallier leur dernier sommet de 2017 (cf. les pointillés noirs ci-dessous)…
Avec des indicateurs techniques surachetés (cf. la flèche rouge) et un haut de canal ascendant à proximité (la résistance visible avec le cercle noir), je ne serais en tous les cas pas étonné par une hausse des rendements.