Les rendements sur le benchmark des bons du Trésor à 10 ans ont continué à augmenter mardi après le lundi férié américain et un week-end marqué par l'acquittement de l'ancien président Donald Trump dans le procès de destitution du Sénat.
Après avoir franchi la barre des 1,2 % vendredi, le 10 ans est passé au-dessus de 1,3 % mardi. Le rendement des obligations à 30 ans a dépassé 2,09% lors des échanges de mardi.
Le vote du Sénat était une évidence puisque les républicains avaient indiqué lors de votes précédents qu'ils considéraient la mise en accusation d'un président qui a quitté ses fonctions comme une chose non conforme à la Constitution. La principale nouvelle a été la décision de ne pas procéder à la convocation de témoins, ce qui aurait prolongé la procédure de plusieurs jours, voire de plusieurs semaines.
L'attention se porte maintenant sur les efforts du président Joseph Biden pour obtenir une loi de relance budgétaire de 1 900 milliards de dollars et sur le lancement des vaccins COVID-19, avec leur promesse de remettre l'économie sur les rails. Les investisseurs vendent les bons du Trésor super sûrs (les rendements évoluent en sens inverse des prix) et se tournent vers des actifs plus risqués.
L'Europe avait ses propres nouvelles politiques à digérer. La formation réussie d'un nouveau gouvernement italien par Mario Draghi a accru la demande d'obligations d'État de ce pays.
À un moment donné, la vente d'obligations à 10 ans mardi a suscité une demande de 110 milliards d'euros avant que l'emprunteur n'adoucisse les conditions de l'émission de 10 milliards d'euros, la fixant à une prime légèrement inférieure au rendement de 0,6 % des obligations existantes. Le rendement des obligations à 10 ans est passé sous la barre des 0,567 % lors de la négociation tardive.
Les investisseurs attendent de Draghi, l'ancien directeur de la Banque centrale européenne, qu'il présente un plan convaincant pour dépenser les 200 milliards d'euros destinés à l'Italie dans le cadre du programme de relance économique de l'Union européenne.
La vente de l'Italie fait suite à l'offre massivement sursouscrite d'obligations à 50 ans par l'Espagne la semaine dernière, puisque l'émission de 5 milliards d'euros a attiré 65 milliards d'euros d'offres pour un coupon de 1,45 %.
Cependant, les rendements des obligations de référence espagnoles à 10 ans, qui ont atteint 0,105 % la semaine dernière, ont brièvement grimpé cette semaine à plus de 0,3 % après l'annonce que les partis catalans indépendantistes avaient renforcé leur majorité lors des élections régionales de dimanche.
Les pays européens se sont empressés d'encaisser les intérêts des investisseurs alors que les achats d'actifs de la Banque centrale européenne et l'aide prévue de l'UE ont continué à soutenir les prix. Le Portugal a levé 3 milliards d'euros en obligations à 30 ans au début de ce mois, tandis que la Belgique et la France ont levé respectivement 5 et 7 milliards d'euros en vendant des obligations à 50 ans.
Les rendements de la dette à long terme ont augmenté dans le sillage de la vente espagnole, ce qui a incité certains analystes à spéculer sur la possibilité que la fenêtre sur les émissions à long terme se soit refermée.
Des deux côtés de l'Atlantique, les investisseurs commencent à prendre en compte l'augmentation de l'inflation, alors que les mesures de relance budgétaire et monétaire visant à lutter contre la COVID-19 réchauffent les économies. Les émissions record de titres de créance résultant de la pandémie pèsent également sur les prix des obligations, même si les achats des banques centrales les soutiennent.
Les rendements des obligations allemandes, par exemple, souvent considérées comme une référence pour toute l'Europe, ont augmenté, le rendement à 10 ans atteignant son plus haut niveau en cinq mois à moins 0,376 % lundi, avant de retomber à moins 0,393 % mardi.
L'écart entre les rendements allemands et italiens à 10 ans s'est réduit à environ 90 points de base, après s'être creusé à plus de 120 points de base le mois dernier.