L’émission bouclée pas plus tard qu’hier par l’Argentine illustre à point nommé l’intérêt du marché pour du papier bien rémunéré. Les investisseurs se sont en effet arrachés la dette du pays sud-américain, et ce, en dépit de sa note de crédit hautement spéculative B3 chez Moody’s, qui en ferme l'accès à un certain nombre de fonds.
Tout profit pour l’Argentine qui a pourtant fait huit fois défaut dans son histoire. La demande qualifiée d’exceptionnelle (plus de 70 milliards de dollars) lui a en effet permis de faire baisser ses taux de financement à 7,50% pour la tranche à 10 ans, contre 8,50% annoncé à l’entame de l'émission.
Dans le même temps, Altice (AS:ATCE) bouclait avec succès un refinancement de 2,75 milliards de dollars, offrant un coupon de 7,50% pendant dix ans. La dette émise par la maison-mère de Numéricable-SFR et Portugal Telecom (LS:PHRA) est notée B1 chez Moody’s, deux crans de mieux que l’Argentine.
+ 6% pour le High Yield en dollar
Les obligations spéculatives sont également recherchées sur le marché secondaire et affichent de belles performances. L’indice Bloomberg USD High Yield, qui réplique l'évolution du marché en dollar, affiche un gain supérieur à 6% depuis le 1er janvier.
Les valeurs minières sont pour beaucoup dans cette performance, à la faveur d’un léger rebond des cours des matières premières. Les obligations Anglo American (LON:AAL), Petrobras, ArcelorMittal (AS:ISPA), Glencore et Anglogold comptent parmi les plus fortes hausses. On épinglera également le regain de forme des emprunts du transporteur canadien Bombardier.
Cette belle performance globale ne saurait toutefois éclipser le nombre croissant de défauts d’émetteurs notés dans le bas de la catégorie spéculative ces dernières semaines, essentiellement des entreprises américaines actives dans le secteur pétrolier.
Car ne nous y trompons pas, les obligations spéculatives comportent bel et bien des risques. Selon les analystes de la Deutsche Bank (DE:DBKGn) et de Standard & Poor’s, il faut d'ailleurs s’attendre à une augmentation des défauts des entreprises les moins bien notées d’ici à la fin de l’année. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre article du 19 avril: Le nombre de défauts obligataires s'accélère.
+ 3% pour le High Yield en euro
Le marché des obligations spéculatives en euro est nettement moins touché par cette vague de défaut observée outre-Atlantique. Standard & Poor’s n’a d'ailleurs recensé qu’un défaut d’un émetteur européen cette année, en l'occurrence celui du papetier norvégien Norske Skogindustrier.
L’indice Bloomberg EUR High Yield évolue à son plus haut historique, avec une performance positive de 3,3% cette année. Une performance qui superforme de très loin celle des indices boursiers européens.
Il faut dire que depuis plus d'un an, la dette spéculative en euro bénéficie des mesures d’assouplissement de la BCE. L’institution monétaire tirant vers le bas le rendement des obligations de bonne qualité, la recherche de rémunération s’est traduite par une exposition plus importante des investisseurs au High Yield.
Parmi les belles performances cette année, on peut citer Adler Real Estate, le bon comportement des nouvelles obligations Peugeot (PA:PEUP), ThyssenKrupp (DE:TKAG) et HeidelbergCement ainsi que celle du fournisseur pour pharmacie Fagron.