Fabius se veut menaçant
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré hier que des sanctions contre la Russie sont actuellement en discussion entre partenaires occidentaux. Ces sanctions, toujours d’après le ministre, pourraient être prises dès cette semaine tant Moscou semble persister dans son « annexion en douceur » de la Crimée. Cette actualité de premier plan pour les opérateurs boursiers risque de renforcer les craintes d’une escalade des tensions. En l’occurrence, M. Fabius a conditionné hier ces sanctions à l’absence de réponse du Kremlin quant à la proposition, émise par le secrétaire d’Etat américain John Kerry, visant à résoudre le conflit ukrainien.
Hier, sur France Inter, Laurent Fabius a notamment déclaré : « Nous leur avons envoyé une proposition pour cette désescalade, s’ils répondent positivement, John Kerry ira à Moscou et à ce moment-là, les sanctions ne seront pas immédiates […] S’ils ne répondent pas, ou s’ils répondent négativement, à ce moment-là, il y a un train de sanctions qui peut être pris dès cette semaine ». Plus précisément, les premières sanctions porteraient sur le possible gel d’avoirs personnels contre de grands oligarques et responsables politiques russes, mais aussi ukrainiens, accompagnées de sanctions sur les déplacements (en matière de visas). De quoi relancer les craintes au sein des opérateurs boursiers quant à une crise diplomatique violente, aux accents de guerre froide.
Zoom sur l’or
Parallèlement à cette actualité, on comprend aisément l’engouement actuel pour les valeurs refuges comme l’or, l’argent ou le franc suisse. Intéressons-nous aujourd’hui à l’or. La valeur refuge par excellence évolue actuellement sur ses plus hauts niveaux de ces cinq derniers mois en cotant à 1 348$ l’once. En D1, le RSI (14) présente justement un niveau de surachat en se situant au-dessus du cap symbolique des 70. Si les récentes hausses successives de la valeur sont grandement liées aux craintes soulevées par le dossier ukrainien, précisons quelques niveaux qui nous paraissent pertinents à court terme. Pour le moment, nous privilégions un scénario baissier ayant pour point pivot les 1 353$. Sous ce niveau, les cibles envisageables à la vente se situent à 1 319$ et à 1 308$. En scénario alternatif, donc au-dessus de ce point pivot situé à 1 353$, nous tablons sur des cibles à 1 362$ et à 1 374$. Néanmoins, tant que le point pivot (à 1 353$) sert de résistance (comme actuellement), nous nous concentrerons sur un trading range avec une préférence nettement baissière en direction des 1 319$.
Rappel de notre trame de fond
Les actualités pourraient se succéder sans trame de fond, mais le lecteur n'y aurait aucun intérêt. Cette cinquième partie de notre analyse est donc un espace de rappel de la trame de fond qui agite actuellement les marchés financiers. Les actualités secondaires ne manquent pas mais rappelons LE grand dossier du moment : le montant alloué au programme de soutien à l'économie US piloté par la Fed est désormais réduit. Jusqu'à présent, quelques 85 milliards de dollars étaient injectés chaque mois sous la forme d'achats d'obligations et de titres hypothécaires. Désormais, ce montant sera de 65 milliards, amenuisant ainsi l'un des principaux leviers justifiant auprès des opérateurs boursiers les niveaux historiques atteints par les indices boursiers occidentaux. Ce fameux « QE3 » représente clairement le fil conducteur des marchés financiers en ces temps de lente et fragile reprise économique. Pour autant, la Fed devrait globalement maintenir une politique monétaire largement accommodante en 2014, bien que nous tablons sur un arrêt total du programme « QE3 » à la fin de l'année.