Entre cadence industrielle record et nouvelle perte, il y avait à boire et à manger dans le bulletin trimestriel rendu public la semaine passée par Tesla (NASDAQ:TSLA). Sur le marché secondaire, les rendements obligataires restent proches des 8% en dollars.
Au rayon des bonnes nouvelles tout d’abord, la firme dirigée par Elon Musk a confirmé des chiffres de production et de livraisons historiques au second trimestre.
Sur la période, le pionnier américain de la voiture électrique a été en mesure de livrer 95.200 véhicules à leurs heureux propriétaires, dont 77.550 unités du Model 3, la berline censée propulser Tesla en un producteur de masse (+/- 35.000 dollars).
Autre record, le nombre de voitures manufacturées sur un seul trimestre : 87.048 pour être précis.
Baptisée « Gigafactory » et située à Fremont dans le désert aride de la Californie, l’usine de production en tous points révolutionnaire de Tesla semble enfin assurer la cadence.
plus grande usine au monde capable de produire des batteries 24 h sur 24, elle serait désormais capable selon Musk d’assembler 7.000 Model 3 par semaine, de quoi permettre au patron d’origine sud-africaine de viser un objectif quotidien de 10.000 voitures (tous modèles confondus) d’ici à la fin de l’année.
On rappellera que les problèmes de production ont pénalisé à plus d'une reprise les résultats financiers du constructeur ces deux dernières années.
Autre élément positif à signaler, les liquidités abondantes de Tesla. Renforcées par un appel au marché massif bouclé en mai, elles pointaient à un niveau record de cinq milliards de dollars a la fin juin.
Dans son communiqué, le management souligne que ce niveau de trésorerie met l’entreprise dans une position confortable pour préparer le lancement de la production de la Model 3 en Chine et la production du Model Y (type SUV) aux États-Unis.
La Chine justement, marché considéré à potentiel élevé par Tesla, s’apprête elle aussi à accueillir sa première Gigafactory. Le chantier devrait être bouclé d’ici à la fin de l’année. La firme californienne se dit en outre toujours intéressée par la construction d’une usine similaire en Europe, et espère finaliser un choix d’emplacement au cours des prochains trimestres.
Nouveau trimestre déficitaire
Côté sombre du tableau, Tesla continue de perdre de l’argent: 408 millions de dollars pour être précis au deuxième trimestre.
C’est certes moins que les 700 millions du précédent trimestre et du trimestre correspondant de 2018, mais ce déficit n’en reste pas moins deux fois plus élevé que prévu par la communauté des analystes.
Légèrement sous les prévisions de Wall Street, les revenus s’inscrivent eux en forte hausse à 6,34 milliards de dollars, contre 4,5 milliards au premier trimestre de l’année.
La firme californienne a donc échoué une nouvelle fois à boucler un trimestre à l’équilibre, et encore moins dans le vert. Pas de quoi faire perdre à Elon Musk son optimisme légendaire, lui qui continue d’annoncer un retour à la rentabilité, attendue cette fois au quatrième trimestre.
Le patron de Tesla annonce même un deuxième semestre 2020 « incroyable » selon ses termes.
Les marchés peu convaincus
Des promesses qui n’ont manifestement pas rassuré les investisseurs, l’action Tesla chutant de 13% mercredi en clôture à Wall Street, portant à 50% sa baisse de régime depuis le début d’année.
Manifestement, les marchés n’ont pas manqué de noter que la marge brut de la société avait reculé de 20,2 à 18,9% en glissement trimestriel, sous le coup d'une baisse des prix en catalogue et du recul de la demande pour les modèles plus anciens et plus chers de la marque (S et X).
En outre, les investisseurs ne perdent pas de vue que Tesla avait signé une perte par action de 11 dollars l’année passée. Et malgré une montée en cadence record de la production industrielle, la perte au premier semestre atteint déjà près de six dollars par titre.
Autre ombre au tableau : le véritable exode de talents au sein du management continue, alors que Tesla vient d’annoncer le départ de JB Straubel, co-fondateur du groupe et chef de la technologie.
Notons encore que si Tesla se targue d’une trésorerie abondante et record, le groupe s’apprête à augmenter significativement ses dépenses durant le semestre en cours, tandis qu’il fait face à une échéance de dette de 700 millions de dollars d’ici peu.
8% de rendement en dollar
Comme évoqué dans notre dernier point sur la valeur début juillet, à la faveur des chiffres de production, les investisseurs s’étaient repositionnés à l’achat sur l’émission obligataire que la firme californienne doit rembourser dans six ans.
L’obligation, qui se traitait alors à 89% du nominal, a perdu un peu plus d’un point depuis à mardi, voyant son rendement à l'échéance atteindre près de 8%.
Il s'agit naturellement d'un niveau de rémunération élevé, reflété par ailleurs par la note spéculative « B- » attribuée par Standard & Poor’s.
Pour voir une détente plus nette des rendements, il faudra que l'amélioration observée en termes de production se concrétise dans les états financiers et que Tesla trouve enfin le chemin de la rentabilité.