Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
La séance du vendredi 16 novembre 2018 restera à marquer d’une pierre noire pour Vallourec (PA:VLLP) (FR0000120354-VK), leader mondial des tubes sans soudure à usage pétrolier et gazier. En l’espace d’une seule journée, l’action a en effet fondu de plus de 32% dans un volume astronomique de plus de 45 millions de titres, soit 9% du capital.
Une dégringolade historique qui a pris les investisseurs complètement à contrepied et a été suivie d’une autre presque aussi spectaculaire hier (-27,34% avec 52 millions de titres échangés).
Ce décrochage pour le moins fracassant tient sa source dans des comptes du troisième trimestre certes en amélioration, mais bien inférieurs aux anticipations. Attendu en hausse, le chiffre d’affaires a ainsi reculé de 0,3% à 961 M€. De même, l’Ebitda s’est établi à 43 M€, loin des 70 M€ pronostiqués par les analystes.
Les investisseurs se sont également offusqués, et c’est compréhensible, de la nouvelle dégradation du free cash flow, lequel est ressorti à 153 M€. Un signal il est vrai inquiétant car cela signifie que le groupe a consommé plus d’argent qu’il n’en a produit sur le trimestre, en tenant compte des dépenses relatives à l’activité opérationnelle, aux impôts ou encore aux investissements.
Pour couronner le tout, les prévisions se sont révélées mitigées, avec notamment un ralentissement temporaire de la demande aux Etats-Unis d’autant plus préoccupant que le prix du baril de pétrole n’est pas dans une bonne dynamique.
▶ La situation financière de Vallourec pose question
Bref, les interrogations pleuvent sur Vallourec, dont la situation financière sème le trouble même s’il n’y aura aucune échéance obligataire importante d’ici 2022. Le gearing devrait de surcroît être supérieur à 80% cette année, alors que le ratio dette nette sur Ebitda est attendu supérieur à 15, et encore au-dessus de 6 l’an prochain en tenant compte d’une nette amélioration des performances opérationnelles.
Or, si vous me lisez régulièrement, vous savez qu’un ratio supérieur à 3 place en général les sociétés concernées dans des positions très inconfortables.
Et dire que Vallourec faisait son entrée au CAC40 en 2006 et y est resté près de huit ans… Au fil des années, la société est allée de Charybde en Scylla, accusant un recul plus de 95% en une décennie, soit une capitalisation retombée nettement sous les 900 M€. Par ailleurs, même si on ne peut exclure une reprise technique, on ne peut pas dire que le titre soit particulièrement attractif aux cours actuels. Il s’échange en effet sur une VE/CA de 0,8, ce qui est assez classique pour le secteur.
Certes, l’hypothèse d’une opération financière est toujours plausible, sachant que le flottant est encore de 65%. Mais qui prendra le risque de se payer un tel dossier, cumulant faible rentabilité et situation financière compliquée ?
▶ Les objectifs 2021 de CGG (PA:GEPH) jugés trop prudents
Rien ne va plus non plus pour CGG (FR0013181864-CGG), en recul de quelque 31% sur un mois, d’où une capitalisation revenue sur des niveaux de l’ordre de 1 Md€, la faute notamment à un plan 2021 manquant cruellement d’ambitions. L’idée de réaliser à cette échéance moins d’acquisitions tout en réduisant fortement les coûts a été considérée comme une posture trop défensive par les opérateurs, dans un contexte de prix de surcroît très dégradé.
Certes, la situation financière du spécialiste de l’ingénierie sismique n’est pas aussi délicate que celle de Vallourec, avec par exemple une dette nette qui représente 1,5 fois l’Ebitda, mais cela ne suffit pas à faire revenir les intervenants, également insensibles à des ratios plutôt attractifs, à l’image d’une VE/Ebitda de 3.
Difficile de leur donner tort dans un tel contexte économique.