Le budget italien risque de rester au centre de l'attention des investisseurs cette semaine, alors que le ministre des finances du pays va devoir convaincre ses partenaires de la Zone Euro du bien fondé du budget préparé par la coalition gouvernementale dont il fait partie.
Rappelons que le semaine dernière, l'annonce d'un budget italien impliquant un défici budgétaire de 2,4% du PIB pour 2019 avait été très mal accueillie par les marchés, qui ont sanctionné les actifs italiens, avec notamment une forte chute des actions et des obligations vendredi.
Cela a d'ailleurs mené à des joutes verbales entre politiciens au cours du weekend, faisant une fois n'est pas coutume, sortir le président italien Mattarella de sa réserve, celui-ci ayant rappelé à la coalition populiste au pouvoir son devoir constitutionnel d'oeuvrer en vue d'un budget équilibré et d'une dette soutenable.
A ce propos, on peut relever que Erik Nielsen, économiste chez Unicredit (MI:CRDI), a écrit dans une note publiée dimanche que "si le président Mattarella mont au front, avec la constitution en main, et le soutien de l'opinion publique, le gouvernement devra repenser ses plans de budget."
Le gouverneur de la Banque Centrale Ignazio Visco a lui aussi émis un avertissement au sujet de la dette, qui dépasse les 130% du PIB, à la deuxième place dans la Zone Euro après la Grèce.
L'attention se tournait également vers le ministre des finances Tria au cours du weekend, celui-ci ayant gagné la confiance relative des marchés après avoir tenté (sans succès) d'éviter un budget trop laxiste, notamment en menaçant de démissionner selon certaines sources, ce qu'il a depuis démenti.
Cette semaine, ce sera lui qui sera en première ligne face à l'UE pour défendre le budget italien.
L'Italie a donc encore du chemin a parcourir, pour convaincre l'UE et les marchés que ses choix budgétaires porteront leurs fruits, le premier ministre Luigi Di Maio continuant de son côté de penser que le budget permettra de booster la croissance, et donc de libérer des ressources pour réduire la dette, avec des projets tels que des baisses d'impôts, une annulation de report de l'age de la retraitre prévu par le précédent gouvernement, et un revenu universel pour les pauvres.
Notons que Tria a récemment annoncé que le gourvernement prévoit de réduire la dette de 1 point de PIB chaque année pour les trois prochaines années, se basant sur un hypothèse de croissance de 1,6% en 2019 et de 1,7% en 2020, des prévisions bien supérieures à celles du marché, ce qui décrédibilise encore davantage les plans du gouvernement italien en termes de budget.
Quoi qu'il en soit, entre l'UE et les marchés, l'Italie a du pain sur la planche pour convaincre ses partenaires et créanciers que l'austérité n'est pas le meilleur choix, malgré la dette abyssale à laquelle fait face le pays.
Pour l'instant, la tension reste vive à court terme, comme on peut le voir avec le taux des obligations italiennes à 10 ans, toujours élevés et proches de leurs sommets de vendredi ce lundi matin. La bourse italienne elle se redresse légèrement pour l'instant après la forte chute de vendredi, avec le FTSE MIB qui affiche une hausse de +0.78% à l'heure où cet article est rédigé lundi matin.