Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
En Bourse, une thématique d’investissement ou un secteur d’activité donné peuvent globalement s’analyser sous deux angles distincts.
Un mauvais newsflow global dans un « marché ouvert » est une configuration assez courante. Par exemple, une publication de résultats décevante (ralentissement de la croissance, bénéfices sous les attentes, perspectives sans éclat) d’un des poids lourds du secteur peut être le signe que ce dernier sera sous pression. Nous en avons encore eu la preuve hier avec le renoncement de l’équipementier automobile allemand Leoni à ses objectifs 2019, ce qui n’a pas été sans quelques turbulences boursières pour ses pairs européens (Valeo (PA:VLOF) a notamment terminé en légère baisse hier).
Même contagion lorsqu’on assiste à une flambée (ou a contrario à un plongeon) du baril de pétrole pour le segment des compagnies aériennes. En la circonstance, malgré la mise en place de « couvertures » au cas par cas – sur Lufthansa (DE:LHAG), Air France-KLM (PA:AIRF) ou encore American Airlines –, toutes sont impactées par les fluctuations des cours du pétrole.
Autre schéma possible : un « marché clos », c’est-à-dire avec de fortes barrières à l’entrée. C’est notamment le cas du secteur aéronautique, où nous avons grosso modo soit Airbus Group (PA:AIR), soit Boeing (NYSE:BA). On comprend sans peine ici qu’un désagrément majeur comme celui que le constructeur américain est en train d’expérimenter, l’immobilisation pour une durée indéterminée d’un modèle d’avion qui a représenté le tiers de ses bénéfices l’an passé, risque de profiter à court terme à son concurrent européen.
On retrouve ce « concept » avec les opérateurs télécoms dans l’Hexagone. Si certains « jokers » tentent de percer dans la téléphonie mobile (comme certaines banques ou encore d’autres acteurs comme Virgin), il n’en demeure pas moins que le marché français reste verrouillé par les quatre principaux tauliers que sont Orange, Bouygues (PA:BOUY), Iliad (PA:ILD) (Free) et Altice (AS:ATCA) (SFR (PA:SFRGR)). Et comme pour le secteur aéronautique, quand l’un d’entre eux perd des clients (ou plus exactement des abonnés pour le coup), c’est toujours au profit des autres.
Un marché, trois poids lourds
S’agissant du segment des maisons de retraite en France, trois grands opérateurs se partagent le marché : Orpéa, Korian (PA:KORI) et LNA Santé. Tout comme celle du premier le mois dernier, la publication des comptes 2018 du deuxième a été saluée par le marché la semaine dernière.
Soit dit en passant, les deux achats réalisés en amont (les cercles noirs ci-dessous) ont permis aux abonnés au service BAQPRO de concrétiser au moins 10% de plus-value à chaque fois.
De son côté, LNA Santé va publier ses résultats annuels début avril et je me demande s’il n’y aurait pas un petit quelque chose à jouer ici…
D’un point de vue fondamental, la valorisation du titre apparaît en effet beaucoup plus raisonnable que celle de ses deux compères. Concernant Orpéa, c’est un peu la « prime au meilleur » avec un PER de 26 fois les bénéfices attendus cette année. Celui de son concurrent Korian ressort pour sa part à 23 aux cours actuels, alors que LNA Santé se paie à peine plus de 17 fois les bénéfices attendus cette année.
Comme le notait Berenberg dans une note diffusée la semaine dernière, LNA Santé est en quelque sorte le petit poucet et sa présence quasi-exclusive en France pourrait potentiellement, à terme, mettre sous pression les marges (ou la croissance). D’où une valorisation plus réduite.
Pour autant, et sans non plus aller jusqu’à viser un retour sur les sommets de 2017 au-delà des 65€, je pense qu’un petit réajustement à la hausse au-delà des 50€ est envisageable.
Graphiquement, après une stabilisation depuis fin 2018/début 2019, le titre de l’ex-Le Noble Âge n’a dans l’immédiat pas véritablement décollé depuis le test de la borne basse de son important canal descendant de moyen terme (visible en bleu clair + flèches de couleur).
Or ici, un franchissement de la résistance oblique (les pointillés noirs ci-dessus) pourrait bien être impulsif et permettre alors à l’action de remonter au-delà des 50€, soit vers le haut de son canal descendant.
C’est en tout cas l’un des dossiers que je vais surveiller de près d’ici la fin du mois.