L’obligation du géant pétrolier Pemex (Petroleos Mexicanos) d’une durée résiduelle de cinq ans semble se stabiliser aux alentours de 71% du nominal. Il y a un an, l’obligation cotait encore aux alentours de 93,3%. Au cours actuel, l’investisseur peut compter sur un rendement de plus de 11%.
La baisse est donc sévère (voir graphique) pour cette obligation libellée par coupures de 100.000 euros et qui bénéficie d’un rating "BBB" chez Standard & Poor’s, dans la catégorie "Investment grade". Le rating est en ligne avec la note à long terme accordée par S&P à la dette libellée en devises étrangères de Pemex.
Moody’s, de son côté, attribue une note "B1" (High yield).
La perspective de ces notations est stable auprès des deux agences.
Certes, les tensions générées par la guerre en Ukraine, la brutale remontée des taux d’intérêt (surtout aux États-Unis) et l’évolution des prix pétroliers ne sont sans doute pas étrangères à l’évolution du cours de l’obligation. Mais l’explication est à chercher aussi du côté des agences de notation qui ont communiqué ces derniers mois sur le groupe pétrolier mexicain. Un groupe qui est, rappelons-le, entièrement aux mains de l’État et qui traîne une dette importante. Celle-ci s’élevait à 108 milliards de dollars, lit-on dans le communiqué des derniers résultats trimestriels de l’entreprise. Ce montant fait d’ailleurs de Pemex la compagnie pétrolière la plus endettée au monde.
Moody’s et S&P
Du côté des agences, Moody’s a dégradé en juillet la note de Pemex à "B1" contre "Ba3", enfonçant un peu plus Pemex dans la catégorie "spéculative" (High yield). Elle a toutefois relevé la perspective de la note à "stable" contre "négative", éloignant le spectre d’une nouvelle dégradation, ce qui a sans doute plu aux créanciers.
Cette décision fait suite à la dégradation de la note de l’État mexicain de "Baa1" à "Baa2" quelques jours avant, a expliqué Moody’s dans une note, confirmant l'importance cruciale de la solidité financière et du soutien du gouvernement dans la notation de l’entreprise pétrolière.
Moody’s tient compte des besoins importants de liquidités et d’un flux de trésorerie disponible négatif pour ces trois prochaines années compte tenu des importantes échéances de dette, mais pas seulement. Elle retient aussi les pertes persistantes au niveau de l'activité de raffinage, la nécessité de maintenir les dépenses d'investissement au moins au niveau actuel pour maintenir la production et les réserves de pétrole stables et des charges d'intérêts élevées.
«L’État mexicain ne garantit pas la dette de Pemex»
Son de cloche similaire chez Standard & Poor’s, l’été dernier également, qui a confirmé dans un document la notation de la dette en devises étrangères de Pemex à "BBB", assortie cependant d’une perspective désormais "stable" contre "négative". S&P estime «presque certain un soutien extraordinaire du gouvernement au groupe pétrolier dans un scénario de difficultés financières, bien que l’État ne garantisse pas la dette de l'entreprise».
Groupe pétrolier et gazier intégré
Basée au Mexique, Pemex est une société pétrolière et gazière intégrée, entièrement détenue par le gouvernement. Elle est active à travers différentes filiales dans l'exploration et production d’hydrocarbures, le raffinage des produits pétroliers et ses dérivés, le transport par pipeline, le stockage et la distribution. La compagnie a aussi développé des activités de négoces et certaines activités pétrochimiques.
Elle détenait au 31 décembre l’équivalent de 7,4 milliards de barils de pétrole en réserve. Sa production ressort, cette année, à 1,76 million de barils par jour, soit 1,1% de plus qu’il y a un an, selon les derniers résultats trimestriels.