Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Les tensions se multiplient entre la Chine et les Etats-Unis, mais ce n’est que la continuation d’un duel pour la suprématie planétaire engagé par Donald Trump et Xi Jinping depuis un peu plus de 2 ans maintenant.
Les « négociations » entre les 2 géants ne sont en réalité qu’une succession de menaces, de sanctions puis de mesures de rétorsion.
Les deux pays s’accusent mutuellement de mettre en danger l’économie internationale, faisant grimper la probabilité d’une récession bien au-delà des niveaux critiques ayant précédé les crises de 2001 et 2008.
Dernier épisode de cet affrontement : Suite à la dévaluation du yuan de 2,5% jeudi dernier, la FED et la Maison Blanche se sont empressées d’accuser la Chine de manipuler sa monnaie, alors que de nombreuses devises ont spectaculairement dévissé face au dollar cette année, sans que les dirigeants des pays concernés (Brésil, Pakistan, Turquie…) ne soient taxés de « manipulateurs ».
Le plongeon de près de 5% de la roupie indienne en une semaine face au dollar n’a suscité aucun tweet de Trump. En revanche, avec un écart moitié moindre sur le yuan, la Chine est accusée de tous les maux (alors que l’Inde se montre tout aussi protectionniste face aux importations des USA).
La Fed responsable de tous les maux selon Donald Trump
L’Inde est peut-être le prochain pays sur la liste des punching-balls de Donald Trump mais pour l’heure, toute sa fureur se concentre sur la Fed dont les membres sont « des incompétents qui ne font rien de ce qu’il faudrait ». Et de conclure : « toutes les difficultés auraient pu être résolues en abaissant les taux au lieu de les monter ».
Il semblerait que Donald Trump n’a pas supporté de découvrir 3 réductions simultanées de taux directeurs mercredi matin, en Thaïlande (-0,25% à 1,50%), en Inde (-0,35% à 5,40%) puis en Nouvelle Zélande (-0,5% à 1,00%, un plus bas historique).
Alors que le taux directeur de la Fed est de 2,25%, soit 100 points de plus que chez le voisin canadien (1,25%), Donald Trump a fait passer le message mardi par l’intermédiaire de son conseiller sur le commerce Peter Navarro que la Fed devrait réduire très rapidement son taux directeur de 50 points en septembre, et de 50 points supplémentaires d’ici la fin de l’année.
De son côté, Wall Street anticipe seulement -75 points d’ici 1 an avec un T-Bond 2029 à 1,595% et un « 2ans » à 1,505%.
Vague d’aversion au risque sans précédent depuis octobre 2018
Mais la récession que Trump redoute n’en est encore qu’au stade des « signaux avancés » (un quart des émissions souveraines mondiales affiche déjà des rendements négatifs, du jamais vu) alors que l’Allemagne file vers une croissance zéro au 3ème trimestre et pourrait voir son PIB stagner autour de 0,5% sur l’ensemble de l’année, avant un rebond à 1,2% en 2020.
Si le CAC40 ou l’Euro-Stoxx50 ont validé des ruptures de supports court terme, l’essentiel, c’est à dire la tendance haussière moyen terme, est sauve.
En revanche, le DAX30 qui a déjà rompu les amarres haussières sous 12 300 (validation d’un “M” baissier) s’est enfoncé jusque vers 11 560. L’indice a vu son rebond stoppé vers 11 750, avant de retomber sous le support des 11 660 points du 3 juin (et plancher du 5 août) et n’est pas parvenu à l’accrocher hier, malgré un rebond de 0,6%.
L’indice allemand est l’un des précurseurs du scénario moyen terme sur les places européennes, tandis que l’or constitue son symétrique, avec +6% en une semaine.
L’or qui grimpe de 18% depuis le 1er janvier (grâce aux taux négatifs) est bien le principal marqueur d’une vague d’aversion au risque sans précédent depuis début octobre 2018… mais ses niveaux sont ceux d’avril 2013 (à 1 515 $, un niveau déjà tout proche de la résistance des 1 535/1 550 $.