Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
L’élection d’Emmanuel Macron n’est pas une surprise, et Marine Le Pen a été surestimée de 10%. Il n’y a avait donc pas de péril même dans le cas où le débat de mercredi aurait été moins calamiteux pour la candidate d’extrême droite. L’un des plus cruciaux enseignements du scrutin de dimanche, c’est que 43% des électeurs ayant voté Macro l’on fait pour « barrer la route au FN » ; ils sont à peine 16% à l’avoir choisi par adhésion à son programme et quelques pourcents pour sa personnalité. L’analyse de François Bayrou revendiquant une large victoire du nouveau Président semble donc devoir être accueillie avec prudence, d’autant que les bulletins blancs ont atteint un record, voisin de 8%.
Côté symbole, la « longue marche » sur fond d’Hymne à la joie (l’hymne européen bien sûr) s’est interrompu (magnifique timing, exécution parfaite) alors qu’Emmanuel Macron, s’installant derrière son pupitre lève les bras (et matérialise le V de la victoire). C’est alors que la caméra principale, impeccablement placée face au pupitre, zoome… et le visage d’Emmanuel Macron s’inscrit alors dans le quart supérieur de la Pyramide du Louvre, de la même façon que l’oeil d’Horus ou l’oeil de la Providence (mais il y a d’autres interprétations) s’inscrit dans le quart supérieur de la pyramide représentée sur le billet de 1 $. Le cadrage et les proportions sont tellement exacts, le plan étant diffusé à plusieurs reprises sans aucune modification (ni zoom avant ni zoom arrière) que la référence à la symbolique du billet de 1 $ ne peut être purement fortuite.
Ceci dit, nous n’allons pas non plus relayer toutes les théories complotistes qui ont émergé à la vue de ce plan de Macron dos à la pyramide. Vous ferez vos recherches sur internet à votre guise, mais le rapprochement avec le billet de 1 $ nous a semblé tout à fait parlant. Parmi les promesses de son premier discours de Président, la plus encourageante est que son gouvernement devrait être constitué de 15 ministres au maximum, ce qui suppose un nombre comparable de secrétaires d’État, à 50% de femmes et de nombreuses personnalités provenant de la société civile et du monde de l’entreprise (contre zéro dans de précédents gouvernements) viendront le rejoindre – ce que beaucoup de Français de tout bord politique, auxquels je m’associe, ne peuvent qu’applaudir.
Comment les marchés réagissent à Macron Président
Il nous semblait peu probable, après avoir « acheté la rumeur » et enclenché un rallye de près de +7,5% par rapport au premier tour, que les marchés achètent encore la nouvelle. La victoire d’Emmanuel Macron est donc vendue en début de séance ce matin, le CAC40 enregistrant des prises de bénéfice.
Rappelons que le CAC40 (+1,1% à 5432 vendredi) avait célébré par avance la victoire d’Emmanuel Macron, des centaines de milliards tombant depuis le 24/04 dans l’escarcelle des plus grand fonds d’investissement (BlackRock) et des fonds de retraite, qui doivent déjà une fière chandelle au Président. A Wall Street, les chiffres de l’emploi parus à 14H30 ont été accueillis vendredi sans émotion : entame de séance soporifique avec des écarts allant de -0,05 à +0,15%, puis sursaut final pour conclure à +0,4%. La semaine passée fut insipide de bout en bout. Les trois principaux indices US l’ont terminée au contact de leurs plus-hauts absolus, avec deux records symboliques de clôture pour le S&P 500 (à 2400) et le Nasdaq (à 6100 pts). Et où irait le Nasdaq sans la contribution d’Apple (NASDAQ:AAPL) ? C’est encore le titre qui a fait toute la différence vendredi avec un gain de +1,6% et un nouveau record absolu de capitalisation (780 Mds$) grâce à l’annonce du recours massif à l’emprunt (via une émission de 6 tranches d’une maturité de 3 à 10 ans) pour payer des dividendes et muscler son programme de rachats de titres.
Apple, qui dispose d’une trésorerie record de 257 Mds$ (contre seulement 17 Mds$ sur le sol US) ventilée dans une kyrielle de paradis fiscaux, ne semble pas disposé à rapatrier son cash vers les États-Unis – tout du moins pas tant que la « grande réforme fiscale » de Donald Trump n’aura reçu le feu vert du Congrès. La hausse des marchés des dernières séances fut un savant mélange d’anticipation politique et de facteurs techniques. Cette combinaison a conduit les indicateurs de stress (VIX) collés à des planchers historique et à des achats de calls à des niveaux records (ratio call/put voisin de 5 contre 1 après les rachats de couverture du 24 avril). Le degré d’unanimité haussière est vertigineux, quel que soit le degré d’enthousiasme suscité par les GAFA et quel que soit le capital de sympathie dont bénéficie Emmanuel Macron. Nous parlons bien de l’élan suscité par sa jeunesse, son dynamisme, ses qualités intellectuelles incontestables… et non pas son projet politique et économique autour duquel il tentera de réunir une majorité en veillant à ce qu’elle n’apparaisse pas comme un mandat Hollande 2.0. Pour l’instant, les marchés font confiance à la méthode (moderniser, se montrer pro-business) mais la séquence très politique des législatives et le manque d’adhésion avoué par ceux qui ont glissé un bulletin Macron dans l’urne pourraient se solder par une attitude plus prudente, et la manifestation du très classique phénomène du fait accompli.