Mais qui achète encore sur les marchés ?

Publié le 04/07/2019 11:33
Mis à jour le 09/07/2023 12:32
BAC
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Publié à l'origine sur Proposutiles.com

La dernière enquête mensuelle de Bank of America (NYSE:BAC) Merrill Lynch a mis en lumière un pessimisme très marqué dans le monde de la gestion d’actifs. En effet, les gérants tendent majoritairement à "sous-pondérer" les actions au niveau mondial. L’allocation dans ce domaine a ainsi chuté de 32 points de pourcentage pour ressortir à un plus bas depuis mars 2009 (la proportion nette de gérants "sous-pondérés" en actions l’emporte à hauteur de 21%). Une telle aversion au risque a conduit les gérants à augmenter leur part de "cash " à un niveau record. Sur le plan sectoriel, les compartiments jugés plus défensifs sont privilégiés. Il s’agit notamment des biens de consommation et des services aux collectivités. A l’inverse, les valeurs technologiques et les banques sont plutôt délaissées.

Dans le même temps, le marché obligataire est devenu une zone de repli pour les plus pessimistes avec une allocation en hausse de 12 points de pourcentage, au plus haut depuis septembre 2011 (la proportion de gérants "sur-pondérés" l’emporte à hauteur de 22%). Les emprunts d’Etat américains sont même cités comme le placement le plus populaire, en lieu et place des valeurs technologiques, et ce pour la première fois dans l’histoire du sondage. Comment expliquer un tel pessimisme ? Par les perspectives économiques puisque 87% des gérants interrogés voient l’économie mondiale en fin de cycle. Là encore, il s’agit d’un record.

Alors que les indices boursiers sont revenus sur leurs plus hauts annuels (et à des niveaux historiques en ce qui concerne les références américaines), ce sondage est contre-intuitif. Si les gérants ne se portent pas à l’achat, qui est responsable du mouvement de hausse ?

Deux types d’acheteurs semblent mener la danse, et ce d’autant plus facilement que les volumes sont extrêmement réduits (-30% sur un an).

Pour commencer, les fonds spéculatifs ("hedge funds") tentent de se refaire après avoir pris une déculottée au dernier trimestre 2018. Sur cette période, ils avaient misé sur une faible volatilité et une hausse des actions. A tort. Depuis le début de l’année, ils ont injecté plus de 400 Mds $ dans les marchés actions, amplifiant le phénomène de rebond constaté en début d’exercice. Reste que les fonds spéculatifs ne sont pas là pour investir dans la durée. Leur poids dans le marché fait courir le risque d’un changement de cap tout aussi rapide que celui enregistré au tournant de l’année. Quand les "hedge funds" sortiront, ils le feront en masse, comme à chaque fois.

L’autre grande source de flux entrants vient des entreprises elles-mêmes. Les rachats d’actions continuent d’augmenter (sur un an) alors que les sociétés cotées y voient un moyen d’alimenter une hausse mécanique de leur bénéfice par action. La baisse des taux d’intérêt constitue une aubaine pour elles puisqu’elles peuvent emprunter pour financer le rachat de leurs titres. Reste que ce phénomène est également lié à la bonne tenue des marges des entreprises. Lorsqu’elles voient leur rentabilité baisser, elles tendent à réduire le flux d’achats. Or, la dégradation de la conjoncture économique se confirme semaine après semaine, ce qui va finir par peser sur ces flux.

Que penser de cette situation ? Est-elle saine ? Non.
Est-elle durable ? Non.

En temps normal, le pessimisme des gérants nous aurait incité à être "contrariants" en jugeant que les mauvaises nouvelles sont dans les cours. Sauf que cette fois-ci, le marché ne semble pas dépendre des flux en provenance de la gestion d’actifs. D’autres forces sont à l’œuvre et nous incitent à ne pas réagir comme à l’accoutumée. D’autant que les valorisations demeurent toujours élevées et que les banques centrales risquent, pour leur part, de décevoir les attentes de plus en plus élevées... des fonds spéculatifs.

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