Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Gros trou d’air ces derniers jours sur les marchés boursiers, à l’image du Nasdaq Composite, qui a perdu 4% sur la semaine et près de 11% sur le mois. Or, il s’agit de l’un des indices « directeurs » de la planète. Souvent considéré comme un indicateur avancé de la santé des marchés actions, il est aussi généralement l’un des premiers à corriger quand les difficultés refont surface. A bon entendeur…
A l’aide de l’analyse technique, je vous propose aujourd’hui de jauger (autant qu’il soit possible) de la force de cette attaque baissière et de tenter de poser des jalons pour la suite. Car si un rebond devient probable à court terme, il n’est plus guère contestable que les perspectives se sont nettement dégradées à moyen terme.
Pour ce tour d’horizon, je vous propose dans un premier temps une mise à jour rapide de ma dernière analyse trimestrielle portant sur le Nasdaq Composite, le 17 octobre dernier. Cet update permettra de cibler les zones de conflit entre supports et résistances au sein desquelles les gros escadrons d’acheteurs et de vendeurs devraient se livrer bataille dans les prochains jours. C’est là qu’il faudra bien faire attention à la réaction du marché pour éventuellement se positionner pour la suite.
Suivra un petit coup d’œil portant sur deux mastodontes du Nasdaq que sont Google (Alphabet (NASDAQ:GOOGL)) (US02079K3059-GOOGL) et Amazon (NASDAQ:AMZN) (US0231351067-AMZN), dont les publications trimestrielles ont été particulièrement mal reçues. Or, étant donné leur poids, ces deux sociétés ont à elles seules la capacité de plomber l’indice. Je les ai aussi sélectionnées car elles sont maintenant très proches de niveaux de support sur lesquels une réaction des acheteurs serait impérative.
Et si ces supports venaient à casser, une nouvelle rafale de signaux négatifs viendrait encore dégrader la situation. A mon sens, leur comportement sur ces niveaux permettra sans doute du potentiel de rebond (ou pas) du Nasdaq à court terme.
Concernant ce dernier, la configuration graphique a le mérite d’être simple et claire.
▶ Une baisse vers les 7 000 points reste (plus que jamais) d’actualité
Pour bien les comprendre, et juger de leur pertinence, il faut se remémorer la façon dont les dernières impulsions se sont développées :
• En juin dernier, c’est-à-dire en pleine euphorie (l’indice cotait alors 7 640 points), la projection qui ressortait du point trimestriel ciblait la présence probable d’une résistance vers les 8 000 points. Cet élément conjugué avec une phase de distribution (rotation baissière) observée sur les volumes permettait de lancer le premier signal d’alarme. Et de conclure de ne surtout pas se placer à l’achat sur le Nasdaq Composite pour cause de probabilité accrue de correction. La résistance des 8 000 points (le segment horizontal rouge « R ») est maintenant confirmée, car c’est précisément à partir de cette zone que le mouvement de baisse s’est amorcé. Or, pour un investisseur, il n’y aura pas de perspective de relance haussière tant qu’elle ne sera pas franchie.
• Le pendant de la résistance, c’est le support horizontal de la zone des 7 000 points (le rectangle vert horizontal « R »), qui était et demeure l’objectif de baisse qui ressortait de la dernière analyse trimestrielle.
Problème : je pensais il y a une dizaine de jours que ce seuil serait atteint pour la fin de l’année (ce qui aurait déjà été une contre-performance notable), mais la correction a été plus violente et rapide que j’avais anticipé et le niveau de la zone des 7 000 points a déjà été pratiquement rejoint…
A priori, il reste un petit bout de chemin à faire, mais attention ! Ces 7 000 points sont en effet au carrefour d’un double support, avec un support ET une médiane (le segment bleu pointillé) du canal haussier (bleu) qui se regroupent au même niveau et dans le même timing (la pastille verte).
Conclusion à ce stade ? Si les bulls devaient lancer une offensive, c’est bien sur ce point d’appui « stratégique » qu’ils devraient le faire. Peut-être faudra-t-il attendre les résultats des élections de mi-mandat mais si d’aventure les grosses mains ne soutenaient pas le Nasdaq sur ces niveaux, nous en serions quitte pour un double signal négatif (la cassure du support horizontal « S » et de la médiane du canal haussier).
Par ailleurs, si les bulls contre-attaquent dans les jours à venir, je penche pour une manœuvre de type « guerre de guérilla », c’est-à-dire une poussée sans volume ayant pour objectif d’obliger les vendeurs de court terme à se racheter, ce qui déboucherait sur un désamorçage au moins provisoire du mouvement baissier.
Toutefois, au vu des volumes de vente observés sur le Nasdaq lors de l’accélération baissière (la pastilles orange dans la fenêtre « volumes ») ? il est probable qu’une part non négligeable des investisseurs « haussiers » se soit faite sortir… et qu’ils ne reviennent pas tout de suite (du moins pas tant que la résistance des 8 000 points restera d’actualité), sauf initiative de la Fed, du gouvernement ou autre « entourloupette » destinée à essayer de sauver les meubles.
La mécanique haussière de long terme du Nasdaq Composite est selon moi durablement entamée et nous venons de connaître un premier choc baissier. Or, il est très rare qu’un marché se retourne à la première attaque : généralement, on assiste à une réplique haussière (de court terme), et si le rebond se manifeste sur la zone des 7 000 points, il faudra analyser son taux de participation (les volumes d’échange entre autres) pour essayer d’entrevoir la suite.
Pourquoi ? Parce que si les volumes sont faibles, cela confirmera l’aspect précaire d’une tentative de rebond sans consensus de marché pour l’accompagner. Et au prochain signal baissier, la probabilité que les vendeurs profitent de la faiblesse ou de l’absence des acheteurs pour enfoncer le support des 7 000 points augmentera.
Un rebond de court terme sur cette zone serait quoi qu’il en soit bien plus dangereux qu’une cassure directe de ladite zone.
Maintenant, si le support des 7 000 points devait casser, ce serait obligatoirement parce que quelques « poids lourds » du Nasdaq auront trébuché. En complément, je me suis donc penché sur les cas de Google et d’Amazon, qui sont eux aussi proches du test des supports sur lesquels, selon la réponse du marché, nous en sauront rapidement quant à l’état de santé des marchés. Autrement dit, ça passe et le Nasdaq Composite pourra (au moins momentanément) s’en sortir ou ça casse et dans ce cas les 7 000 points ne tiendront sans doute pas.
▶ Amazon et Google ont manqué le consensus
Amazon a perdu 7,8% consécutivement à la publication d’un chiffre d’affaires trimestriel inférieur aux attentes et à des prévisions en retrait pour le quatrième trimestre. Graphiquement, le spécialiste du e-commerce est sorti de sa tendance haussière (canal bleu).
C’est en fait un double support formé par le support horizontal vert (« S.H ») et le support oblique (« S.O ») qui résulte de la projection de l’amplitude (les flèches oranges) du précédent canal, et les deux se regroupent (pastille orange) sur un même niveau de 1 600 $ qui a été touché vendredi.
Voilà donc le type de niveau « stratégique » que les acheteurs doivent impérativement défendre pour juguler les pressions baissières et que je vous conseille de bien garder à l’œil… Pour ce qui me concerne, je suivrai attentivement la façon dont s’opèrerait un rebond (vers 1 800$ ?) suivi d’un signal de retournement, qui s’il intervient dans cette zone aura alors une chance de casser le support des 1 600$.
Google a également raté le consensus, mais la sanction a été moins dure et la tendance (canal gris) reste haussière pour le géant de l’Internet. Dans son cas, un double support passe actuellement par les 1 000$. Il est constitué par le support horizontal « S » et celui du canal haussier actuel.
Tant que les 1 000$ résistent, le danger est maintenu à distance pour Google et c’est ce niveau qu’il va falloir surveiller ainsi que la réaction des prix quand il sera touché.
Je rappelle enfin que si un marché doit se retourner, il ne le fait pratiquement jamais lors de la première attaque baissière : c’est plutôt à la deuxième ou troisième vague baissière que les acheteurs sont mis en minorité et « lâchent l’affaire ».
Pour conclure, suivez attentivement les configurations de court terme. Elles permettront en effet d’y voir plus clair quand la pression montera sur les marchés.
Bonne semaine,
Gilles