En septembre dernier, de nombreux investisseurs ont prêté de l’argent à l’État belge en souscrivant au bon d’État à un an. Une échéance aussi courte est plutôt exceptionnelle. Habituellement, elle oscille entre 5 et 10 ans. Il arrive toutefois que l’échéance soit un multiple de cette durée. En 2021, par exemple, l’Agence de la Dette a émis des obligations d’État d’une durée de 50 ans.
Ces obligations à 50 ans ont permis à l’État belge de lever 6,66 milliards d’euros. Les investisseurs qui les ont souscrites reçoivent un coupon annuel de 0,65 %. À l’époque, rappelons-le, la Banque centrale européenne (BCE) menait encore une politique monétaire accommodante. Son taux directeur était alors de -0,5 %. Entre-temps, elle l’a remonté à 4 %.
Un coupon bas?
Un coupon de 0,65 % ne semble pas particulièrement attrayant, mais la longue échéance de l'instrument de dette signifie que l'obligation est très sensible aux mouvements des taux d'intérêt.
En raison des hausses de taux d'intérêt de ces dernières années, l'obligation se vend actuellement (fortement) en dessous du pair. Le prix pourrait augmenter à nouveau lorsque les banques centrales assoupliront leur politique monétaire, ce qui génerera de la performance pour les détenteurs de l'obligation. Bien entendu, l'inverse peut également se produire : si les taux d'intérêt restent à leur niveau actuel plus longtemps que prévu, ou s'ils augmentent encore, le prix pourrait être soumis à de nouvelles pressions.
La même année, l'Allemagne - la plus grande économie de la zone euro - a également lancé un emprunt d'État à long terme (30 ans). Les personnes qui ont prêté de l'argent à l'État à l'époque n'ont reçu aucune rémunération. L'Autriche a également lancé des obligations d'État à 50 ans il y a trois ans. À 0,7 %, le coupon est légèrement supérieur à celui de l'obligation d'État belge. Les deux obligations, comme leur équivalent belge, sont cotées nettement en dessous du pair et peuvent être achetées sur le marché secondaire.
En outre, les résidents belges qui sont des personnes physiques ne paient actuellement aucun impôt sur les plus-values à la vente ou à l'échéance, ce qui rend ces obligations intéressantes d'un point de vue fiscal.
Que disent les agences de notation ?
Dans quelle mesure un placement dans le bon d’État belge est-il un investissement sûr ? Notre pays est noté AA par les agences de rating S&P et Fitch. Mais cette dernière a récemment abaissé à « négatives » les perspectives de sa note, en raison de ses fortes inquiétudes quant à l’évolution de la dette publique. Fitch craint qu’elle ne se creuse encore à moyen terme. Actuellement, cet endettement s’élève à 105,2 % (2023) du produit intérieur brut (PIB) du pays. Selon les normes dites de Maastricht, il ne peut dépasser 60 %. Notre budget, avec un déficit de 4,6 %, sort également des clous. C’est 1,6 point de pourcentage de plus que ce qu’autorisent les normes de Maastricht.
En raison de la succession de crises, la Commission européenne a appliqué ces normes de manière moins stricte, mais cela va bientôt changer. Fitch s'attend à ce que la Commission européenne place la Belgique sur le banc des pénalités cette année parce que notre pays prend trop peu de mesures pour assainir les finances publiques.