En 2015, le volcan islandais déjà actif Bardarbunga entre en éruption, conduisant à l’émission d’un nuage de dioxyde de soufre sans précédent recouvrant l’Europe. En modifiant les conditions météorologiques, l’éruption fait chuter la production mondiale de céréales, ce qui entraîne un doublement des cours. Heureusement, cette forte hausse n’est attribuable qu’en partie au niveau des récoltes et provient surtout des craintes générées par cet événement alors que des Etats moins confiants dans leur sécurité alimentaire se ruent vers les stocks.
Personne ne parle du volcan Bardarbunga, et pourtant on lui doit la plus importante éruption volcanique des 10000 dernières années. Bardarbunga connaît une éruption “tranquille” sans interruption depuis la fin août, ne recueillant guère d’attention à part quelques survols de drones, car l’éruption n’est pas explosive, mais magmatique. Pourtant, avec plus d’un kilomètre cube de lave éjectée, c’est déjà la plus grande éruption en Islande depuis la fissure du Laki en 1783, qui avait dégagé selon les estimations 14 kilomètres cubes de lave et avait recouvert l’Europe de l’ouest d’un nuage toxique composé d’émissions de dioxyde de soufre. Notons au passage que ces émissions ont sans doute contribué à de mauvaises récoltes de blé à travers l’Europe, conduisant à la pénurie de pain en France qui contribua aux événements ayant mené à la Révolution française.
Jusqu’ici, l’éruption a été contenue à une longue et large crevasse qui s’est ouverte à côté du Bardarbunga lui-même, dans le Holuhraun, pour aboutir à un lac de lave de plus de 70 kilomètres carrés à la mi-novembre. L’éruption émet plus de dioxyde de soufre que l’industrie européenne dans son ensemble. Dans le même temps, de constantes secousses sismiques sont enregistrées sous la couche de glace, dans la caldeira du Bardarbunga qui, avec ses 80 kilomètres carrés, est aussi grande que l’île de Manhattan. La caldeira s’affaisse rapidement et risque de s’effondrer à mesure que le magma sous le volcan s’échappe par la fissure toute proche du Holuhraun. Cet effondrement pourrait conduire à une phase beaucoup plus intense de l’éruption avec des conséquences climatiques potentielles pour l’année à venir, voire plus.