Alors que le Brent crude se rapproche du seuil symbolique des 100 dollars le baril, les nations et les industries du monde entier se préparent à en subir les conséquences.
L'augmentation du prix du baril à près de 95 dollars cette semaine marque un plus haut de 10 mois en raison d'une tendance haussière du marché et des réductions de l'offre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et de la Russie (OPEP+), désormais prolongées au moins jusqu'à la fin de l'année.
Si ce pic alimente les pressions inflationnistes à l'échelle mondiale, son impact ne sera pas uniformément réparti. Je vais examiner ci-dessous quels sont les pays et les régions les plus vulnérables à cette hausse des prix du pétrole et ce que cela pourrait signifier pour l'économie mondiale.
Comment les réductions de l'offre de l'OPEP pourraient conduire à un pétrole à 100 dollars
La réticence persistante de l'OPEP - et notamment de l'Arabie saoudite - à augmenter l'offre a restreint le marché du pétrole et, associé à un optimisme économique prudent dans les grandes économies comme les États-Unis, l'actif pourrait être prêt à basculer vers un prix à trois chiffres par baril.
C'est du moins ce que les fonds spéculatifs semblent croire actuellement, le nombre de contrats nets longs ayant atteint son plus haut niveau depuis 18 mois, selon le Financial Times.
Un récent rapport de Wood Mackenzie (WoodMac) suggère en outre que nous pourrions être confrontés à des prix du pétrole durablement élevés (sans jeu de mots).
Prévoyant un baril de pétrole brut à 90 dollars en 2024, les analystes de WoodMac estiment que l'OPEP+ augmentera lentement sa production au cours des deux prochaines années.
Les implications pour les économies dépendantes du pétrole sont notables.
Qui est le plus menacé ?
Le mois dernier, le cabinet d'études indépendant Euromonitor International a dévoilé son indice de vulnérabilité énergétique mondiale, qui vise à évaluer les pays sur la base de facteurs tels que l'autosuffisance énergétique, l'adoption d'énergies alternatives et la résilience économique.
Les pays à forte production comme la Norvège, le Canada, l'Australie et les États-Unis ont obtenu de bons résultats en raison de la diversité de leurs portefeuilles énergétiques et de leur stabilité économique, tandis que les pays pauvres en ressources comme le Belarus, le Liban, Singapour et Hong Kong ont été considérés comme vulnérables en raison de leur dépendance à l'égard des importations et d'autres facteurs économiques.
Euromonitor s'est intéressé à toutes les formes d'énergie, y compris le pétrole, mais aussi les autres combustibles fossiles (charbon et gaz naturel), ainsi que les énergies renouvelables (éolienne et solaire, principalement).
Pour les données concernant uniquement le pétrole, je me suis tourné vers l'Energy Institute's 2023 Statistical Review of World Energy.
Économies développées :
Europe : Avec des importations de pétrole brut de plus de 10 millions de barils par jour en 2022, l'Europe risque d'être sévèrement touchée par la hausse des prix du pétrole. La Banque centrale européenne (BCE) devra relever le défi de lutter contre l'inflation sans étouffer la croissance.
Japon : Les importations japonaises s'élèvent à environ 2 millions de barils par jour. Malgré ses prouesses technologiques, le Japon manque de ressources énergétiques, ce qui le rend très vulnérable aux fluctuations du marché pétrolier.
Economies émergentes :
La Chine : La Chine a importé un peu plus de pétrole que toute l'Europe par jour en 2022, ce qui la rend très sensible à la hausse des prix du pétrole. Son impact pourrait se répercuter sur les chaînes de fabrication et d'approvisionnement mondiales.
L'Inde : L'Inde, qui importe 4 millions de barils par jour, est un autre acteur majeur dont l'économie pourrait être touchée. La hausse des prix du pétrole se traduit souvent par des pressions inflationnistes en Inde, affectant des millions de ménages.
Autres pays :
Singapour : Bien qu'il s'agisse d'un pays développé à revenu élevé, l'économie de la cité-État asiatique pourrait être touchée en raison de sa forte dépendance à l'égard des importations d'énergie, qui s'élèvent à 891 000 barils par jour.
Alors que le prix du Brent oscille autour de 95 dollars, les pays qui dépendent des importations de pétrole doivent se préparer à affronter des vents contraires sur le plan économique. La hausse des prix du pétrole, bien que favorable aux pays exportateurs de pétrole tels que la Norvège, le Qatar et le Nigeria, constitue une sonnette d'alarme pour les pays fortement dépendants des importations de pétrole. La diversification des ressources énergétiques et le renforcement de la résilience économique finiront par être des stratégies clés pour l'avenir.