Dégradée au rang de placement spéculatif chez Standard & Poor’s il y a quelques jours, l’obligation remboursable le 28 novembre 2025 par Renault (PA:RENA) se traite à l’achat toujours nettement sous le pair.
L’investisseur confortable en la capacité de la marque au losange à honorer ses échéances de dette peut en effet se positionner sur cette émission à un cours avoisinant les 91% du nominal, de quoi tabler sur un rendement annuel jusqu’à maturité de 2,75%.
Un cours franchement sous le pair qui rend le titre fiscalement intéressant pour l’investisseur résident belge. Comme vous n’êtes pas sans le savoir, acheter une obligation sous les 100% du nominal permet de réaliser une partie du rendement offert par l’obligation en exemption d’impôt.
La dette senior émise par Renault, dont fait partie l’obligation sous revue, vient donc d’être dégradée en catégorie spéculative par Standard & Poor’s, qui lui attribue désormais un rating "BB+", assorti d’une perspective négative.
Il ne s’agit que d’une demi-surprise sachant que l’agence avait placé la note de crédit du constructeur sous surveillance négative en février dernier.
Justifiant sa décision, S&P dit anticiper une baisse à l'échelle mondiale d’environ 15% des ventes automobiles cette année, ce qui pèsera sur les standards de crédit du groupe de Boulogne Billancourt.
Car si Standard & Poor’s a tenu compte des liquidités importantes de Renault, qui pourrait de surcroît tabler sur des garanties d’État, elle s’attend à ce que les bénéfices, la génération de cash-flow et la situation financière se détériorent sensiblement cette année, au sortir d’un exercice déjà difficile.
En 2019, année qui correspondait au premier plein exercice du constructeur sans Carlos Ghosn, Renault a écoulé 3,75 millions de véhicules, soit 3,4% de moins comparativement au précédent exercice, pour un chiffre d’affaires de 55,5 milliards d’euros.
'Le Covid-19 et son lot de conséquences vient s’ajouter aux nombreux défis que Renault affrontait déjà, dont les efforts imposés par l'Union européenne pour réduire les émissions de CO2', précise l'agence.
‘Pas dans la perspective d'une nationalisation'
De son côté, le fabricant de la Capture et de la Zoé a annoncé dernièrement qu'il ne verserait pas de dividende au titre de l'exercice 2019, une décision généralement vue d’un bon œil par les obligataires, puisqu’elle permet de soutenir les liquidités de la société concernée.
En ce qui concerne les rumeurs de nationalisation qui ont été grandissantes ces derniers jours, Bruno Le Maire, ministre français de l’Économie, a déclaré que 'l’État (actionnaire à hauteur de 15%) était prêt à soutenir Renault'.
Par la voix de son Président, Renault a toutefois fait savoir ‘qu’il ne se trouvait pas dans la perspective d'une nationalisation temporaire pour surmonter la crise’.
Le groupe a précisé travailler davantage sur l'idée de prêts bancaires garantis, dont le montant pourrait atteindre quatre à cinq milliards d'euros.