Prises de bénéfices à Wall Street
Le risque politique a dominé la séance d’hier. Les craintes que suscite la nouvelle polémique autour de Donald Trump, ont entrainé d’importantes prises de bénéfices à Wall Street. Le S&P500 a ainsi enregistré sa plus grosse baisse depuis le mois de septembre, associée à une envolée du Vix (son indice de volatilité, aussi appelé « indice de la peur »). Faute de publication majeure pour ce jeudi, le mouvement correctif pourrait se maintenir sur les indices occidentaux. D’autant que le ministère de la Justice américain a nommé hier soir un procureur spécial pour mener une enquête indépendante sur la possible collusion entre l’entourage de Donald Trump et Moscou. Robert Mueller (ancien directeur du FBI de 2001 à 2013) semble faire l’unanimité à Washington pour assurer ce rôle majeur.
Dans les faits, à moins de commettre une faute grave, il ne peut être démis de ses fonctions. Son champ d’investigation est très large, lui assurant une certaine indépendance et de bonnes marges de manœuvre pour mener à bien son enquête. Pour autant, la perspective d’une destitution de Donald Trump n’est pas évidente : une telle procédure est longue et son lancement demeure improbable dans l’immédiat. Ce risque politique tombe au mauvais moment pour le rallye boursier : les rares publications économiques américaines, analysées ces derniers jours, sont passables. Conséquence directe, la probabilité d’une nouvelle hausse des taux validée lors de la prochaine réunion du FOMC (13 et 14 juin) s’est légèrement réduite. Selon Bloomberg, qui se base sur les contrats Futures sur Fed Funds, elle serait désormais de 85% contre 95% en début de semaine.
Reste à savoir si cette situation est un parfait prétexte auprès des opérateurs pour justifier les prises de bénéfices entamées hier ou si nous entrons dans un véritable mouvement correctif de moyen terme. Dur à dire, et seule les prochaines heures permettront d’y voir plus clair : d’un point de vue technique, nous surveillons le support de moyen terme fixé à 12 500 points sur l’indice allemand. Tant qu’il n’est pas totalement rompu, nous ne tablerons pas sur un véritable retournement de tendance boursière. Même son de cloche côté américain, via le support des 2 300 points pour le S&P500. Ces séances, marquées par une très forte volatilité, sont extrêmement risquées et nous déconseillons aux profils les plus conservateurs de s’aventurer sur les indices. En cas de rebond technique, nous chercherons (comme indiqué ce matin) à viser les 12 740 points via un point d’entrée fixé sur les 12 660, pour le DAX30.
Naturellement, un tel scénario ne s’adresse qu’aux profils les plus agressifs. Les rares publications de cette séance ne devraient pas affaiblir ce contexte très politique. En témoigne l’absence d’intérêt suscité par le PIB japonais, dévoilé cette nuit. Malgré une très bonne progression de 2,2% en rythme annuel (contre une attente fixée à +1,7%), soit le meilleur résultat depuis un an, le Nikkei a clôturé en baisse. Pour ce jeudi, seules les revendications hebdomadaires au chômage US et l’indice des indicateurs avancés du Conference Board pour le mois d’avril nous intéresseront. Mais comme indiqué précédemment, leurs conséquences boursières devraient être fortement limitées par l’évolution de la situation politique Outre-Atlantique. Même chose pour le compte-rendu de la BCE et le discours de Mario Draghi. Ce sentiment est renforcé par la fin, prochaine, de la saison de publication des résultats trimestriels d’entreprises aux Etats-Unis. A suivre durant notre Good Morning Market à 10h30 et pendant notre séance de Live Trading à 15h15.
Dorian Abadie
Analyste Marchés
XTB France