Le PIB du Canada a augmenté de 0.6% seulement en rythme annualisé au T3 2012, soit deux dixièmes de moins que la projection consensuelle. Pour ajouter aux mauvaises nouvelles, la croissance du T2 a été révisée à la baisse d’un dixième à 1.7%. Au T3, la demande intérieure a été limitée parce que la faiblesse des investissements, des dépenses des administrations publiques et de la construction résidentielle a contrebalancé de bonnes hausses des dépenses de consommation.Les consommateurs ont financé l’augmentation des dépenses grâce à un meilleur revenu disponible, mais ils ont aussi puisé dans leur épargne; le taux d’épargne a reculé de trois dixièmes à 3.9%. Le commerce extérieur a fortement freiné la croissance au T3 (la contraction de 7.8% des exportations réelles est la pire depuis la récession de 2009), sans surprise, vu la faiblesse de
l’économie mondiale pendant la période. Pour un troisième trimestre de suite, les stocks ont aidé à stimuler le PIB (les ventes finales ont en fait baissé de 1% au T3).
Le PIB au T3 a été très faible globalement, mais plus encore dans le détail puisqu’une bonne partie de la croissance est venue de l’accumulation de stocks – ce qui est de mauvais augure pour la production. En outre, la consommation, après un regain de vigueur au T3, est en butte au ralentissement de l’emploi, à l’augmentation de l’endettement, aux effets de richesse moins favorables dans le logement et aux compressions budgétaires dans les grandes provinces. Bref, la croissance du PIB canadien risque de rester inférieure au potentiel un bon moment.
Le compte courant, le principal indicateur du commerce extérieur, indiquait un déficit de CA$18.9G au troisième trimestre de 2012 (environ 4.2% du PIB), soit une baisse de CA$0.5G par rapport au déficit revu à la baisse de CA$18.4G du trimestre précédent. La faiblesse au T3 était largement due
à l’aggravation du déficit de la balance commerciale de marchandises, qui s’est creusé de CA$1.2G (à CA$4.8G). Le déficit du compte des services s’est aussi légèrement creusé de CA$0.3G, descendant à CA$6.3G, ce qui a largement compensé l’amélioration du compte des revenus de placement qui, cependant, est resté en déficit, à –CA$6.3G. Le déficit du compte courant a surtout été financé par des flux de capitaux à court terme tels que les rentrées nettes dans les portefeuilles, les devises et les dépôts, même s’il y a eu aussi quelques rentrées sous forme d’investissements étrangers directs, plus stables. Le troisième trimestre de 2012 a vu le deuxième record historique du déficit extérieur du Canada, ce qui reflète le ralentissement économique mondial ainsi que la surévaluation du dollar canadien. Le lourd déficit du compte courant signifie simplement que le dollar canadien reste
tributaire des rentrées de capitaux. Le fait que le gros de ces afflux de capitaux au T3 provenait d’investissements de portefeuille facilement réversibles et de dépôts rend le huard vulnérable à une correction, en particulier si la tendance s’oriente nettement vers l’aversion pour le risque. Les catalyseurs potentiels sont nombreux : la détérioration de la situation en Europe et/ou au Japon, une reprise plus faible que prévu en Chine, une absence de consensus autour du précipice budgétaire aux États-Unis, etc. Nous restons optimistes quant aux perspectives du huard à long terme, mais une dépréciation temporaire vers un taux de change USD/CAD de 1.04 (notre cible de la fin du T1) est tout à fait possible.