La société russe des chemins de fer Russian Railways signe son retour sur le marché international des capitaux, après trois ans d’absence.
L’entreprise, détenue par l’État et un poids lourd de l'économie, a bouclé un emprunt échéant le 7 octobre 2023. Il a été émis par RZD Capital Plc, une structure de Russian Railways.
Le coupon, proposé à 9,5% à l’entame de l’opération, a finalement été fixé 9,2%, compte tenu de l’engouement observé chez les investisseurs, comme en témoigne le carnet d’ordres. Celui-ci a été bouclé sur une demande dépassant 50 milliards de roubles (+/- 717 millions d'euros au taux de change actuel) pour une taille de 15 milliards (215 millions), selon des informations Reuters.
Cette obligation, notée « BBB- » dans la catégorie « Investment grade » chez Fitch, est disponible par coupure(s) de 10 millions de roubles (143.000 euros). Il faut compter sur un cours de 100,3%, correspondant à un rendement de 9,14% dans les premiers échanges sur le marché secondaire.
Les investisseurs doivent tenir compte d’un risque de change, lié à l’évolution de la devise russe.
Une prime de rendement grâce à Poutine
C’est le deuxième emprunt bouclé par Russian Railways en quelques jours sur les marchés internationaux, avec cette tranche obligataire de 500 millions de dollars à maturité octobre 2020.
Ces opérations s’inscrivent également dans le cadre plus large d’un retour (timide) de certains émetteurs corporate russe sur le marché de la dette. Ils mettent un terme à plusieurs mois d’absence suite aux sanctions occidentales prises dans le cadre du conflit russo-ukrainien.
Par exemple, le promoteur immobilier russe O1 Properties a signé sa première émission obligataire en euro le mois dernier, bénéficiant lui aussi d’une demande soutenue de la part d’investisseurs occidentaux à la recherche de rendement.
Toutefois, compte tenu de son statut d’emprunteur russe, il a aussi offert une prime supplémentaire de rendement de 2% par rapport aux opérations similaires réalisées en Europe ou aux États unis, signale Bloomberg.
Même si elle tend à diminuer, le surplus de rémunération accordé par O1 Properties, pour convaincre le marché d’acheter son papier, reste conséquent.
« La faible popularité de Poutine à l’ouest induit une prime (de rendement), qui rend la dette russe largement attractive », a résumé un analyste à Bloomberg.
Potentiel de hausse
« En ce moment, certains investisseurs interprètent les sanctions comme un potentiel de hausse car si elles sont levées, les actifs russes devraient bondir », a déclaré pour sa part Dmitry Mint, le président d’O1 Properties.
Un optimisme tempéré par Elvira Nabiullina, la gouverneure de la Banque centrale russe, pour qui les sanctions pourraient bien encore durer trois années supplémentaires.