La Banque Centrale de Russie augmente ses taux à 17%, quelles conséquences pour le marché obligataire ?
Suite au plongeon historique du rouble ce lundi, des mesures radicales ont été prises cette nuit par la Banque Centrale de Russie. Celle-ci a porté à 17% son principal taux directeur, contre 10,50% précédemment et 5,50% en début d’année.
« Ces mesures drastiques ont pour but de limiter les risques liés à la dépréciation du rouble et à l’inflation qui ont considérablement augmentés », a justifié l’institution dans son communiqué.
Mais force est de constater que la portée de cette intervention n’a eu qu’un effet limité. Si le rouble a rebondi suite à l’annonce de la Banque Centrale pour revenir à 76 roubles pour 1 euros, il reprenait sa baisse de plus belle à 93 roubles pour un euro ce mardi midi.
Pratiquement isolée des marchés financiers occidentaux par les sanctions prises après l'annexion de la Crimée en mars et l’intervention présumée aux côtés des séparatistes de l'est de l'Ukraine, la Russie doit désormais compter avec la chute des cours du pétrole, lequel assure avec le gaz la majorité de ses revenus budgétaires.
La chute des cours pétroliers a d’ailleurs transformé le mouvement de baisse du rouble en véritable effondrement. La devise russe ne vaut même plus la moitié de sa valeur du début de l'année face au dollar et à l’euro, tandis que les conséquences directes sur l’économie ne se font plus attendre, avec une hausse des prix qui approcherait déjà les 10% et qui pourrait s’envoler dans les mois à venir.
Quelles conséquences sur le marché obligataire ?
Les hausses drastiques des taux d'intérêts décidées ces derniers jours par la Banque Centrale de Russie ont provoqué une chute mécanique du cours des obligations libellées en rouble. Pour ne citer qu'elle, l'obligation émise par la Banque Européenne d'Investissement 6,50% 2016 se traite désormais aux alentours des 84% du nominal, enregistrant une baisse supérieur à 6% en regard des cours de clôture ce lundi. Son rendement s'adapte en conséquence à 17%.
Cette émission obligataire bénéficie d’un rating « AAA », la meilleure note disponible chez Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch, grâce à l’appui de ses actionnaires qui ne sont autres que les pays membres de l’Union. En d’autres termes, le risque est quasi exclusivement reporté sur la devise d’émission.