S&P Global Platts, l’une des sources secondaires de données relatives à la production pétrolière qu’utilisera l’OPEP afin d’estimer le degré d’adhésion des différents acteurs aux termes de l’accord obtenu en novembre 2016, a publié ses chiffres pour le mois de janvier 2017. (Les informations détaillées sont disponibles ici). Selon ces données, chaque pays supposé réduire sa production (hormis la Libye, le Nigeria et l’Iran qui ont reçu des exemptions) ont effectivement réduit leur production.
Certains pays n’ont pas encore entièrement appliqué le niveau de production qui leur était alloué, mais seul l’Iraq produit encore nettement au-dessus du seuil défini. Le taux de coopération est de 91%, un signe visiblement positif pour remédier à l’excédent d’offre, mais les observateurs du marché pourraient ne pas être de cet avis.
Le volume de réduction est actuellement de 1,14 million de barils par jour (par rapport à l’objectif de 1,2 millions de barils par jour). Afin d’atteindre ce quota, l’Arabie Saoudite, l’Angola et le Koweït ont tous réduit leur production au-delà du volume arrêté lors de la signature de l’accord. Ceci a permis de compenser la surproduction modérée de l’Algérie, du Gabon, du Qatar, du Venezuela, des Emirats Arabes Unis, et celle plus conséquente de l’Iraq.
Techniquement, l’accord de l’OPEP peut être perçu comme une réussite tant que la réduction de production moyenne durant les premiers six mois de 2017 ressort à 1,2 millions de barils par jour. Ainsi atteindre en moyenne cette réduction de production au cours des six premiers mois devrait effectivement conduire à une réduction équivalente de 1,2 millions de barils par jour par rapport aux volumes de production avant la signature de l’accord. Le vrai test pour l’OPEP sera de savoir si ces efforts sont vraiment reflétés dans les cours dans cette période de six mois défini pour la mise en application de l’accord.
En janvier, les réductions de production supérieures aux attentes des grands producteurs que sont l’Arabie Saoudite et la Russie ont soutenu les cours. Les hedge funds semblent envisager que les conditions permettant une hausse des prix se poursuivront au moins au cours des prochains mois. Ils réagissent peut-être aux dernières informations selon lesquelles le Venezuela n’a pas réussi à garantir les investissements nécessaires à son industrie pétrolière et prévoit à présent un repli de 200.000 barils supplémentaires par jour.
Toutefois, rien ne garantit que ces efforts pour une réduction du surplus de production persisteront. En effet, plusieurs facteurs indiquent que le pétrole est actuellement surcoté.
Voici quelques éléments qui pourraient entraîner une correction des prix, malgré l’accord de l’OPEP :
- L’activité des producteurs de pétrole de schiste aux États-Unis devrait augmenter au cours des 24 prochains mois.
- Des chiffres de l’AIE ont montré que les stocks d’essence, de diesel et de pétrole aux États-Unis sont plus élevés qu’à la même période l’an dernier, indiquant une augmentation du surplus.
- La production de la Libye et du Nigeria (pays exemptés par l’OPEP) ont montré des signes de progression.
- La réduction de production de la Russie excède ses engagements de 300.000 barils par jour en raison des conditions météorologiques défavorables. A l’approche du printemps, les conditions climatiques s’adouciront, ces problèmes seront résolus et la Russie sera tentée de relancer sa production.
- La production dans le Golfe du Mexique (le Mexique n’appartient pas à l’OPEP et n’a, d’autre part, pas souscrit d’accord pour une réduction de sa production) a récemment atteint un niveau record, et plusieurs entreprises ont ouvert de nouvelles zones de production cette année.
- Les chiffres de mise en place des plafonnements de production des pays non-membres de l’OPEP n’ont pas encore été publiés et pourraient révéler un taux de coopération plus faible.
Le pétrole étant une matière première mondiale, tous les producteurs et consommateurs contribuent à l’équilibre globale de l’offre et la demande. La plupart des fondamentaux indiquent que les prévisions relatives aux cours du pétrole devraient être baissières.
Nous devrions dès à présent assister au début de cette correction. Toutefois – et ceci est une mise en garde capitale- le sentiment des spéculateurs peut primer sur les fondamentaux.