Malgré l’annonce d’une performance décevante au troisième trimestre, symbolisée par une nouvelle perte, Bombardier (TSX:BBDb) progresse à la bourse de Toronto. La tendance est davantage au calme sur le marché secondaire.
L’action du fleuron de l’économie québécoise a gagné près de 10% depuis l’annonce de ses résultats jeudi soir. Il semble que les investisseurs aient préféré voir le verre à moitié plein qu’à moitié vide.
La firme montréalaise sort pourtant d’un nouveau trimestre teinté de rouge, bouclé sur un déficit de 91 millions de dollars, tandis qu’elle a manqué le consensus en termes de revenus, lesquels ont progressé de 2% à 3,7 milliards de dollars, là où le consensus tablait sur quatre milliards.
Plus inquiétant, le groupe industriel a consommé sur la période pratiquement deux fois plus de cash que prévu, à savoir 682 millions de dollars. Rappelons que la trésorerie est pour ainsi dire l’élément de préoccupation majeur des observateurs qui suivent Bombardier (TSX:BBDb), compte tenu de ses échéances de dettes importantes.
C’est ce qui explique sans doute que la réaction plutôt négative des obligataires. Pour ne citer que cet exemple, le rendement à l’échéance de l’emprunt que doit rembourser Bombardier (TSX:BBDb) dans huit ans était orienté en légère hausse à 9% en dollar.
1,6 milliard de rentrées au quatrième trimestre
Le management se veut pourtant rassurant à cet égard, disant s’attendre à une rentrée de cash de 1,6 milliard au quatrième trimestre, traditionnellement le trimestre le plus prolifique pour Bombardier (TSX:BBDb).Selon la direction, les rentrées de cash habituelles à cette période de l’année seront en effet surpassées grâce à une dizaine de livraisons du nouvel avion d’affaires haut de gamme Global 7500, contre un seul (le tout premier) l’an dernier, et par la réception de paiements retardataires pour les trains.Cela permettrait au groupe industriel de boucler l’année sur une consommation de trésorerie avoisinant le demi-milliard de dollars, conforme à ses prévisions. Et, surtout, elle a maintenu jeudi que l’année 2020 se solderait par un surplus.On notera que la consommation plus importante que prévue de cash découle des problèmes de livraison que connait depuis maintenant un an la division ferroviaire de Bombardier.Sur plusieurs projets (à New York et Londres notamment), le constructeur a été aux prises avec des retards qui l’ont forcé à reporter des livraisons de trains, accumuler des stocks, investir massivement dans son fonds de roulement et in fine, brûler du cash.Selon la direction de Bombardier, le pire est passé à ce sujet.
Vente d’activités aéronautiques
En parallèle de sa publication trimestrielle, Bombardier (TSX:BBDb) a annoncé la vente à Spirit AeroSystems de ses activités aéronautiques implantées à Belfast, au Maroc et à Dallas. La société américaine versera à Bombardier 500 millions de dollars, et assumera au passage le passif des activités en question.
Spirit, qui fabrique notamment les fuselages des 737 MAX de Boeing (NYSE:BA) cloués au sol, cherchait à diversifier sa clientèle. L’acquisition lui permettra de se rapprocher d’Airbus (PA:AIR). L’usine de Belfast construit entre autres les ailes de l’A220 et des nacelles pour l’A320.
Selon Benoit Poirier, analyste financier auprès de la banque canadienne Desjardins, ce demi-milliard de dollars, auxquels devraient s’ajouter 550 millions pour la vente du programme CRJ et 1,6 milliard prévu au quatrième trimestre, pourraient permettre à Bombardier (TSX:BBDb) de clôturer l’année avec des ressources disponibles à court terme de l’ordre de cinq milliards.
Cette vente marque en tous les cas un pas de plus dans le désengagement de Bombardier (TSX:BBDb) du secteur de l'aéronautique commercial. Dans ce secteur, Bombardier ne conserve plus qu'une participation minoritaire dans le programme de l'Airbus (PA:AIR) A220, anciennement baptisé CSeries dont il a cédé le contrôle l’année passée à Airbus.
Notons pour terminer que le carnet de commandes des avions d'affaires totalisait 15,3 milliards de dollars à la fin du trimestre, une augmentation de 7% sur un an, contre 35,1 milliards pour celui de la branche Transport, en hausse de 2% sur la même période.