Hausse du prix des matières premières, élection de Donald Trump, regain d’inflation, statistiques économiques européennes, risque politique… la liste des éléments qui ont participé ces dernières semaines à la remontée des taux à long terme (sur le marché obligataire) est plutôt fournie. La situation contraste avec les premiers mois de 2016, où le spectre de la déflation et le scénario d’un ralentissement de la croissance américaine hantaient les salles de marché.
Mais l’élection, à la surprise générale, de Donald Trump, le 8 novembre dernier, a rebattu les cartes, donnant un coup d’accélérateur à la remontée des rendements à long terme sur fond de relèvement des prévisions d’inflation aux USA, conséquence des plans de relance et des dépenses d’infrastructures promis par le nouveau président. Et qui dit inflation, dit aussi hausse des taux d’emprunts ou encore baisse du prix des obligations sur le marché secondaire, là où s’échange la dette déjà émise.
Cette tension sur les taux s’est nourrie également du scénario d’une politique monétaire de moins en moins accommodante de la Réserve fédérale américaine, comme l’illustre la hausse de son principal taux directeur en décembre, tandis que de nouveaux tours de vis monétaire sont attendus cette année.
Le marché obligataire européen a suivi le mouvement, alimenté par ailleurs par des statistiques économiques confirmant la reprise économique sur le Vieux Continent.
Arbitrages
Dans ce contexte, certains investisseurs ont procédé à des arbitrages, délaissant les obligations au profit des actions.
Certes, la politique monétaire de la BCE a freiné quelque peu l’appréciation des rendements en zone euro, mais les nombreuses émissions de dette des États européens depuis le début de l’année ont eu tendance à soutenir les taux d’emprunts.
L’agenda électoral chargé pour les mois à venir en Europe constitue une source supplémentaire de tension, signale un analyste. Tandis que certains pays sont dans le collimateur des agences de notation.
Enfin, la saison des résultats qui a démarré il y a quelques jours aux États-Unis favorise l’appétit pour le risque, comme l’illustre le cap symbolique des 20.000 points franchi par l’indice Dow Jones. Mais elle joue contre les dettes souveraines, notamment celles des pays jugés les plus à risque.
Jeudi soir, en clôture des marchés européens, les taux d’emprunt étaient orientés à la hausse, à 2,53% pour le taux d’emprunt américain à 10 ans et 0,48% pour le rendement de l’obligation allemande d’une durée similaire. La veille de l’élection américaine, le 7 novembre, les rendements américains et allemands évoluaient encore aux alentours de 1,81% et 0,15%.
Dans le viseur des marchés depuis plusieurs semaines, en raison du risque politique lié aux élections, les taux d’emprunt à 10 ans de l’Italie et de la France progressaient également, à respectivement 2,23% et 1,03%, contre 1,71% et 0,34% le 7 novembre.