Loxam, Trivium Packaging, Oriflam… les nouvelles émissions s'enchaînent sur un marché primaire européen qui n’a visiblement pas droit à sa trêve estivale. Née de la fusion entre IMS Health et Quintiles, la société de conseil en santé Iqvia vient également de solliciter le marché.
720 millions d’euros à rembourser dans neuf ans, c’est le montant que vient de lever Iqvia, ce spécialiste américain des données cliniques. Pour séduire les investisseurs, l’entreprise présente dans plus de 100 pays et comptant plus de 65.000 salariés a dû proposer un coupon de 2,25%.
L'investissement est fixé à 100.000 euros pour se positionner sur cette émission senior non-sécurisée notée « BB » chez Standard & Poor’s, dans le haut de la catégorie spéculative donc.
Dans les premiers échanges sur le secondaire, l’obligation était recherchée avec un cours indicatif de 100,75% du nominal ce mardi, de quoi permettre à l’investisseur de tabler sur un rendement à l’échéance à 2,18%.
Récolter les données
Comme évoqué en introduction, Iqvia est la nouvelle appellation de Quintiles, qui avait lui-même repris IMS Health il y a trois ans.
Multinationale américaine aux 10 milliards de chiffre d’affaires, Iqvia est ce que l’on appelle une CRO ou "Contract Research Organization", à savoir une entreprise spécialisée dans les études et le conseil pour l’industrie pharmaceutique et les acteurs de la santé au sens large.
L’une de ses activités majeures consiste à collecter des données. Il faut savoir que lorsqu’un patient est hospitalisé, une quantité d’informations sont stockées par l’établissement, comme sa pathologie, les médicaments qui lui ont été administrés ou encore, les médecins et spécialistes qui se sont penchés sur son cas. A la sortie du patient, ces données sont revendues par l’hôpital aux CRO.
Une pratique qui permet à l’industrie pharmaceutique de savoir précisément ce que tel hôpital consomme comme médicaments, et comment tel spécialiste traite une pathologie spécifique.
L’immensité des données collectées permet par la suite aux acteurs comme Iqvia de réaliser des essais cliniques pour les produits pharmaceutiques, un processus que les sociétés pharmaceutiques ont pris habitude de sous-traiter.
Et pour cause, disposant d’importantes bases de données sur les patients, les "CRO" sont capables de trouver plus rapidement les patients ad hoc et de procéder aux tests.
Rapports statistiques
Iqvia est également sollicité pour réaliser toutes sortes de rapports statistiques qui lui sont commandés.
Des récentes enquêtes réalisées par l’entreprise, on apprend notamment que 59 nouveaux médicaments ont été autorisés aux Etats-Unis en 2018, un nombre record depuis cinq ans.
Ou encore, que la France est le cinquième consommateur de médicaments à l’échelle mondiale, derrière les Etats-Unis, la Chine, le Japon et l’Allemagne. Selon les prévisions communiquées par Iqvia, l’Hexagone devrait reculer à la septième place derrière le Brésil et l’Italie à l’horizon 2023.
On notera qu’en Belgique, Iqvia a contribué au développement de la plateforme collaborative CODE (Collaboration for Oncology Data in Europe).
Destinée aux professionnels de la santé et aux centres de traitement du cancer, cette plateforme a pour objectif de déterminer pour chaque patient cancéreux, le traitement le plus approprié, tout en assurant la viabilité financière du système des soins de santé.
En termes de résultats, Iqvia a bouclé le premier semestre de l’année sur un chiffre d’affaires de 5,42 milliards de dollars (5,13 milliards un an plus tôt) pour un bénéfice net en légère baisse totalisant 138 millions de dollars.
Pour se positionner dans ce secteur avec un montant d'investissement plus réduit, il est évidemment possible d'acheter l'action qui se négocie actuellement aux alentours de $ 152, en baisse de quelques 3,3% dans le repli des marchés d'action ces derniers jours. Ce qui pourrait constituer un point d'entrée intéressant. Elle est plébiscitée par plus de 80% des analystes. Parmi eux, JP Morgan qui estime son potentiel de hausse à moyen terme à 20%.
A condition que la fusion entre Quintiles et IMS sortent ses effets en matière de synergies et de réduction de coûts. L'analyse pointe egalement les risques liés à la consolidation dans le secteur qui exerce une pression à la baisse sur les prix et sur les budgets de recherche.