Gazprom, premier producteur de gaz en Russie, faisait son retour sur le marché obligataire ce jeudi, près d’un an après sa dernière émission. L'entreprise publique en a profité pour lever un milliard d’euros, remboursable en 2018 et rémunéré par un coupon fixe de 4,625%.
L’obligation a été émise au pair à 100% du nominal. Elle se traite dans les premiers échanges sur le marché secondaire à 100,25%. La coupure est fixée à 100.000 euros. Gazprom s'engage à verser les intérêts sur une base annuelle, les 15 octobre de chaque année jusqu'à l'échéance de l'obligation.
La dernière émission du groupe, libellée en dollars, remontait au mois de novembre dernier. Il s’agissait d’un emprunt à très brève échéance, puisqu'il devra être remboursé par Gazprom dans moins d'un mois.
Confronté à un nombre croissant de difficultés
Pour séduire les investisseurs, Gazprom a donc dû proposer un rendement à l'émission relativement élevé, représentant une prime de 450 points de base en regard du taux midswap de maturité similaire.
Pour cause, la compagnie notée « BB+ » dans la catégorie spéculative chez Standard & Poor’s est confrontée à de nombreuses difficultés. S’il elle paie ses liens étroits avec Moscou et les conséquences des sanctions sur les entreprises russes, le conflit avec l'Ukraine réduit fortement ses livraisons vers cette ex-république soviétique qui constituait traditionnellement l'un de ses marchés clés.
Par ailleurs, l'Union européenne cherche à réduire sa dépendance au gaz russe. La Commission a lancé au mois d'avril dernier une procédure contre l'entreprise qu'elle accuse d'abus de position dominante sur plusieurs marchés en Europe centrale et orientale (Bulgarie, République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Slovaquie).
En Russie, le groupe public est contesté par ses concurrents pétroliers Rosneft et Novatek, qui ont demandé au gouvernement de mettre fin au monopole de Gazprom sur les exportations de gaz. Fin septembre, le ministre de l'Energie Alexandre Novak a indiqué que la Russie envisageait de laisser d'autres groupes que Gazprom exporter du gaz naturel.
Enfin, son projet de gazoduc vers la Turquie, par laquelle Gazprom espère alimenter le marché européen en évitant l'Ukraine, tarde à se concrétiser faute d'accord définitif et de tensions avec Ankara.
Accord sur les livraisons de gaz pour cet hiver
Au rayon des bonnes nouvelles, l'Union européenne, la Russie et l'Ukraine sont parvenus à un accord concernant les livraisons de gaz pour l'hiver 2015-2016, des livraisons qui étaient suspendues depuis trois mois. L’opération se fera entre Gazprom et l’opérateur gazier ukrainien Naftogaz.
L’Ukraine s’est engagée à « sécuriser le transport de gaz naturel via son territoire vers l’Union européenne, notamment en ajoutant 2 milliards de mètres cube de gaz » en octobre à ses réserves. L’Union européenne s’est engagée à faciliter le financement des achats ukrainiens, en particulier auprès d’institutions financières internationales comme la banque mondiale ou le Fonds Monétaire International.
Le bénéfice net décolle au premier trimestre
Concernant les résultats, Gazprom a vu ses bénéfices grimper au premier trimestre. Le bénéfice net s‘est élevé à 5,4 milliards d’euros, en hausse de 71% en glissement annuel. Pour Gazprom, qui vend son gaz en dollars, ces résultats traduisent notamment l’affaiblissement du rouble.
La monnaie russe a perdu la moitié de sa valeur depuis l‘été dernier, conséquence à la fois de la chute des prix du pétrole, principale source de revenus de la Russie avec le gaz, et des sanctions économiques de l’Union européenne à l'encontre de Moscou.