Mobilux Finance SAS, une structure financière de l’enseigne française d’ameublement BUT, a levé la semaine passée 380 millions d’euros sur le marché obligataire.
Négociable par coupure(s) de 100.000 euros, la nouvelle obligation progresse dans les premiers échanges sur le marché secondaire. Il faut en effet compter sur un cours de 101,50% du nominal pour l'acheter, contre un prix d'émission de 100%.
Partant, son rendement annuel est ramené à 5,25%, sur base d’une maturité égale au 15 novembre 2024 et d’un coupon de 5,50%. Il s’agit d’une rémunération élevée qui reflète un risque important, lié notamment à la structure un peu particulière de l’opération. Explications.
Dette LBO
L’emprunt placé par Mobilux Finance SAS a été émis dans l’unique but de participer au financement de l’acquisition de BUT SAS par un consortium d’investisseurs (les fonds d’investissement Clayton, Dubilier & Rice et WM Holding associés au fabricant autrichien de meubles XXXLutz). Il s’agit en d’autres termes d’une opération de type LBO (Leveraged buy out).
Pour réaliser ce type de montage juridicofinancier, l’acheteur (le consortium d’investisseurs dans le cas présent) crée une holding (Mobilux Finance SAS). Celle-ci émet un emprunt obligataire et rachète, avec les fonds levés, l'entreprise ciblée (BUT SAS).
Le capital à mobiliser pour l'acheteur est donc essentiellement celui nécessaire à la constitution de la holding. Les bénéfices et les cash-flows de l’entreprise acquise servent par la suite à rembourser la dette obligataire et bancaire contractée.
L’aspect risqué de ce montage se reflète aussi dans les ratings spéculatifs « B3 » et « B » accordés respectivement par Moody’s et par Standard & Poor’s à l’emprunt Mobilux Finance SAS.
BUT SAS est pour sa part noté « B2 » (perspective stable) chez Moody's. Ce rating vient d'être confirmé par l'agence, en marge de l'émission obligataire de Mobilux Finance.
Cette notation reflète le vaste réseau de magasins BUT, la notoriété de la marque, une part de marché croissante sur un secteur fragmenté et une bonne génération de flux de trésorerie (par rapport à ses pairs), signale l'agence dans un document. Elle est toutefois contrebalancée par la taille modeste de l'entreprise, sa seule présence sur un marché français structurellement compétitif, sa dépendance aux dépenses des ménages, une faible rentabilité (en regard de ses concurrents) et un endettement important.
Un pied dans l’Hexagone
BUT est constitué d’un réseau de 300 magasins de mobilier, de décoration, de literie, de cuisine ou encore d’électroménager dans l’Hexagone. L'entreprise emploie 6.000 personnes. Ses points de vente déclinés sous trois formats : BUT, BUT City (concept citadin) et BUT Cosy (concept urbain).
En s’appropriant les magasins BUT, XXXLutz, qui était déjà présent en Allemagne et dans d’autres pays d’Europe de l’Est, prend pied dans l’hexagone, un des plus grands marchés d’Europe où il n’était pas encore présent. A noter que le géant autrichien du meuble avait déjà tenté d’acheter la société cible en 2012.