Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Et voilà. C’est arrivé à 17h10 le mardi 17/10. Les 23 000 points ont été inscrits sur le Dow Jones. Nous pensions vivre un grand moment, un de ces instants rares où l’on pose les bouteilles d’oxygène et le masque pour immortaliser la conquête d’un Everest boursier. Mais 24 heures plus tard… boum ! Le Dow Jones rouvre sur un gap haussier de près de 100 points puis s’envole rapidement vers les 23 150, comme si le sommet de l’Everest constituait seulement le point d’envol d’une fusée haussière pointée sur Jupiter.
▶ Octobre 2017 : un grand cru pour le Dow Jones
Il ne reste plus qu’à aller chercher les 6 666 sur le Nasdaq (qui attaque déjà la barre des 3 640) pour que la fête soit complète ce vendredi… qui sera aussi celui des « trois sorcières ». Wall Street célébrera ainsi dans l’allégresse et les vertiges de la stratosphère le 30e anniversaire du pire mois d’octobre du XXe siècle. Le Dow Jones va clôturer le mois boursier d’octobre (débuté depuis le 15 septembre) sur un gain de +900 points soit environ +4% après avoir inscrit plus de 15 records en 27 séances, soit plus d’une séance sur deux. Après un mois de septembre d’anthologie (le meilleur de la décennie avec +3% de gain), ce mois d’octobre pourrait figurer parmi les « très grand crus » du 21ème siècle.
▶ Aucun nuage à l’horizon du VIX
Et en ce qui concerne le VIX, aucun nuage à l’horizon, bien évidemment… Pourtant, mercredi 18, il s’est hissé au-dessus des 10 alors que le S&P500 (auquel il est corrélé) a connu l’une des volatilité intraday les plus faibles de son histoire… Etrange… Il serait pourtant exagéré de prétendre que l’on commence à percevoir une pointe d’inquiétude chez certains opérateurs – ils auraient pourtant matière à peser le pour et le contre en matière de vente massive de volatilité.
▶ Vítor Constâncio : gare aux bulles !
Mais à la veille de la séance des trois sorcières (plus que 24 heures à tenir), qui cesserait de tirer les cours sous prétexte de cet avertissement absurde de Vítor Constâncio (vice-président de la BCE, et bras droit de Mario Draghi) ? « Il est temps pour les autorités en Europe et dans les autres régions riches du monde de prendre plus au sérieux la lutte contre la formation des bulles financières, faute de quoi elles risquent d’être confrontées à une nouvelle crise financière, que la politique monétaire ne sait prévenir ». Une déclaration qui semble pleine de bon sens (gare aux bulles financières) mais dont l’argumentation est à la limite du surréalisme ! Comme si la formation des bulles dépendait d’autre chose que des injections de liquidités des banques centrales… ! Ou alors, il vise la Chine où gouvernement et BPoC se confondent… Ou peut-être s’adresse-t-il au Japon dont les Abenomics sont l’expression assumée d’une fuite en avant dans les bulles d’actifs via la planche à billets ? Comme pour démontrer que la BCE ne sera en rien responsable d’une tourmente financière, Vítor Constâncio précise que sa politique monétaire (même moins expansionniste) va demeurer ultra-accommodante… Donc pas question de casser l’ambiance à l’open bar en Europe : les records sont battus avec une sobriété de moyens : la picole et l’ivrognerie honteuse, c’est chez les autres !