Le 19 juin 2015, j'écrivais sur le site que le secteur de la restauration ne faisait plus du tout rêver en Bourse car les habitudes de consommation se modifient depuis quelques années et il n'est pas évident, pour les acteurs du secteur, de trouver le bon positionnement.
Les déjeuners d'affaires existent toujours, mais il y a des endroits plus attractifs que les Hippopotamus et autres Tablapizza... De nouveaux concepts de restauration se développent et séduisent de plus en plus : les particuliers préfèrent manger un sandwich sur le pouce ou une formule à emporter dans l'une des nombreuses petites chaînes de quartiers. Le rapport qualité-prix y est souvent plus attractif que dans ces chaines de restauration qui s'apparentent plus à la malbouffe.
Je prenais l'exemple de Groupe Flo (FR0004076891), alors en baisse de plus de 20% sur un an, et à son plus-bas historique (ce graphe en données mensuelles est éloquent).
Difficile de faire pire, pensez-vous ?
Eh bien, c'était possible : depuis, les choses ne se sont pas (mais alors pas du tout) arrangées pour le groupe de restauration. La valeur ne pèse plus que 62 M€ en Bourse… et je ne parierais pas encore sur une recovery.
Il faut dire que cela ne s'arrange pas avec un exercice 2015 assez difficile. L'an dernier, les ventes ont reculé de 5,3% à 456,3 M€. La perte nette s'est établie à 51,5 M€. Les nombreuses dépréciations ou autres provisions sont autant de raisons invoquées à ces baisses.
Pour ne rien arranger, il y a du rififi au sein de la direction financière. En janvier dernier, Véronique Chandelon était remplacée par Alain Postic après un passage éclair. Un mauvais signe quand on connaît les sérieuses difficultés financières du groupe.
En décembre dernier, les banques ont accepté de suspendre pendant quatre mois l'application des covenants attachés à la dette bancaire du groupe. Une dette qui s’élève encore à 67,1 M€ pour un Ebitda fin 2015 de 7,9 M€... Faites le calcul : la dette représente plus de 8 fois l'Ebitda. C'est gigantesque... On estime qu'un ratio supérieur à 3 est déjà inconfortable. Supérieur à 5, c'est dangereux pour la viabilité d'une entreprise. Alors avec un ratio supérieur à 8 ... la pérennité du groupe est tout sauf assurée.
Le groupe a jusqu'au 30 avril pour renégocier ses crédits bancaires et les adapter au nouvel environnement économique... Pas facile pour autant de convaindre les banques d'un redressement possible.
Bref, vous l'avez compris... Je ne suis pas optimiste pour la société. Alors certes, un changement de contrôle est possible... Mais qui pourra prendre le risque de racheter les 70% détenus par la Financière Flo alors que le groupe a perdu près de 87 M€ sur les deux derniers exercices, tout en possédant une dette importante ?
Ne vous précipitez pas pour une jouer un rebond du titre : les fondamentaux restent trop fragiles.