par Francesco Canepa
LONDRES (Reuters) - Les sociétés européennes cotées se préparent à leur meilleure saison de résultats en quatre ans et devraient afficher des comptes bien meilleurs que ceux des entreprises américaines, grâce à la faiblesse de l'euro et à l'amélioration de la conjoncture économique.
Les profits des entreprises composant l'indice paneuropéen Stoxx 600 devraient avoir progressé de 19,6% au premier trimestre par rapport à la période correspondante de l'an dernier si l'on exclut le secteur de l'énergie, dont les résultats auront sans doute été amputés de moitié par la chute des cours du pétrole, montrent les données de StarMine.
Si ces attentes sont confirmées, il s'agira de la plus forte croissance des bénéfices enregistrée depuis le premier trimestre 2011. Aux Etats-Unis, la hausse des profits, hors énergie là aussi, devrait être de 5,4% seulement.
Pour les investisseurs, la croissance des bénéfices est jugée cruciale à la fois pour soutenir la confiance dans le début de reprise en Europe, pour valider la stratégie de soutien massif de la Banque centrale européenne (BCE) mais aussi pour apaiser les inquiétudes suscitées par l'envolée des valorisations.
Les entreprises du Stoxx 600 se traitent actuellement sur la base de 18 fois les bénéfices des douze derniers mois, le multiple le plus élevé depuis onze ans, selon Datastream. Mais ce ratio diminuera si les bénéfices progressent plus vite que les cours.
"Le marché n'est pas surévalué si les bénéfices (...) s'améliorent et il semble bien que ce sera le cas", dit Dennis Jose, responsable de la stratégie actions européennes de Barclays (LONDON:BARC).
Les premières publications de chiffres d'affaires sont encourageantes puisque Nestlé, Unilever (LONDON:ULVR) et Danone ont fait état la semaine dernière de ventes supérieures aux attentes sur les trois premiers mois de l'année.
Les attentes en terme de bénéfices pour l'avenir ont elles aussi commencé à se redresser : les révisions à la hausse des estimations d'analyses pour les douze prochains mois ont été plus nombreuses que les révisions à la baisse pour la première fois depuis quatre ans, montrent les chiffres de Datastream.
GREXIT ET USA, PRINCIPAUX FACTEURS DE RISQUE
Un mouvement mené par les secteurs dont les résultats sont les plus sensibles à l'évolution de la croissance économique, comme les biens de consommation courante, les logiciels ou les médias, selon les analystes d'UBS.
En incluant le secteur de l'énergie, les entreprises du Stoxx Europe 600 devraient afficher une hausse de 5,3% de leurs bénéfices au premier trimestre, alors que ceux du Standard & Poor's-500 américain devraient avoir baissé de 2%.
Cette divergence a déjà commencé à influencer les cours : l'indice Stoxx 600 a progressé de 18,8% depuis le 1er janvier alors que le S&P-500 n'a gagné que 1,1%.
L'indice phare américain a fait mieux que l'européen au cours de chacune des quatre dernières années mais désormais, puisque l'amélioration des résultats européens ne fait que commencer, beaucoup estiment que les marchés du Vieux Continent ont devant eux de belles perspectives de progression.
"Je m'attends à ce que l'Europe continue de surperformer au deuxième trimestre, et plus probablement au troisième aussi", dit Stewart Richardson, de RMG Wealth Management.
Il ajoute toutefois que le principal risque menaçant ce scénario est celui d'une sortie désordonnée de la Grèce de la zone euro si Athènes ne parvient pas à obtenir de nouvelles aides financières.
Une dégradation supplémentaire de la conjoncture aux Etats-Unis, premier partenaire commercial de l'UE, est considérée comme un autre risque important.
"Si les Etats-Unis devaient retomber en récession, la reprise des profits en Europe s'interromprait rapidement", dit Nick Nelson, responsable de la stratégie d'UBS.
(avec Alistair Smout et David Aurelio, Marc Angrand pour le service français, édité par Véronique Tison)