PARIS (Reuters) - Le prochain rendez-vous d'Emmanuel Macron avec les syndicats, autour du 12 octobre à l'Elysée, s'annonce tendu, alors que les opposants à la réforme du droit du travail ne désarment pas, jusqu'au sein des organisations les mieux disposées.
Le chef de l'Etat sondera à cette occasion les numéros un des principaux syndicats et du patronat sur les réformes de la formation professionnelle, de l'apprentissage et de l'assurance-chômage, dit-on de sources syndicales et patronales.
Ce sera le coup d'envoi de plusieurs mois de consultations, qui doivent aboutir au dépôt d'un projet de loi au printemps, pour une adoption au cours de l'été et une entrée en vigueur au 1er janvier 2019, selon le ministère du Travail.
"On a bien une rencontre prévue le 12 octobre à l'Elysée. Ce sera un tête-à-tête avec le président", a dit à Reuters samedi le président de la CFE-CGC, François Hommeril.
"On devrait aborder les trois réformes, apprentissage, formation professionnelle et assurance chômage, même si on a de la difficulté à identifier l'ordre des sujets. Ce ne sont pas les mêmes dossiers ni les même approches", a-t-il ajouté.
Le numéro 1 de la CFDT, Laurent Berger, pourrait pour sa part rencontrer Emmanuel Macron le 13, dit son entourage.
Quant au négociateur et secrétaire confédéral à l'emploi de Force ouvrière, Michel Beaugas, il a confirmé que Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, serait reçu le 12 octobre "pour parler des réformes à venir".
Ce rendez-vous tombera deux jours après une mobilisation générale des syndicats de la fonction publique le 10 octobre, y compris avec la participation de la CFDT et de FO, dont les directions ont refusé jusqu'ici de s'associer aux appels à manifester contre les ordonnances sur le droit du travail.
Selon la CFDT, Laurent Berger participera ainsi à une manifestation à la Roche-sur-Yon, en Vendée.
CFDT et FO ont joué à fond le jeu de la concertation sur cette réforme mais se disent déçues par le résultat et sont agitées par des divergences internes sur l'attitude à adopter.
MAILLY EN DIFFICULTÉ
Confronté à une base désireuse d'en découdre, Jean-Claude Mailly, qui reconnaît avoir sous-estimé le mécontentement de ses troupes, a promis vendredi de hausser le ton.
Le comité confédéral national de FO, qui est en quelque sorte le Parlement de ce syndicat, a débattu jeudi et vendredi du bien-fondé d'une mobilisation contre les ordonnances, que Jean-Claude Mailly refusait jusqu'ici d'envisager.
"Le CCN a décidé qu'il fallait se préparer à mobiliser, compte tenu de l'actualité, des dossiers à venir et du fait que les ordonnances sont complètement déséquilibrées", a dit Michel Beaugas. "Ce n'était pas le souhait du bureau confédéral."
Selon Jean-Claude Mailly, le CCN a décidé d'une journée de mobilisation avant la ratification des ordonnances.
"Les militants souhaitent qu'il y ait une action dans la rue (...), c'est ce qu'ils ont décidé, et ils auront cette action. La date n'est pas fixée, on en discutera avec les autres syndicats", a-t-il dit à LCI samedi. "Je vais prendre contact avec l'ensemble des organisations dans les jours à venir."
Jean-Claude Mailly, qui a d'ores et déjà annoncé qu'il quitterait la direction de FO au printemps prochain, a ajouté qu'il n'envisageait aucunement de démissionner.
Le secrétaire général de FO Transports, Patrice Clos, a dit sur BFM TV que personne n'avait évoqué une telle démission mais que les décisions du CNN devaient s'appliquer à toutes les instances du syndicat, y compris à son bureau confédéral.
"On demande à l'exécutif, c'est-à-dire Jean-Claude Mailly, ainsi que le bureau confédéral, de mettre en application ce qui a été voté hier par le comité confédéral national", a-t-il dit. "On ne veut pas une société à l'anglo-saxonne (...) On veut un code du travail qui s'adapte à la société française."
Les entretiens programmés le 12 octobre entre les partenaires sociaux et Emmanuel Macron s'annoncent donc sans doute plus tendus que le souhaiterait l'exécutif.
"Ça va peut-être se durcir. L'entretien (du 12) sera peut-être moins apaisé", souligne Michel Beaugas.
"On lui dira qu'on a été manipulé et qu'on s'est senti trahi", renchérit le président de la CFE-CGC, François Hommeril.
"Je suis entré en confiance dans le processus de concertation sur les ordonnances mais ce qu'on a investi en confiance, on ne le retrouve nullement dans le projet."
(Emmanuel Jarry et Caroline Pailliez, édité par Gilles Trequesser)